Proposée par le Cercle Bernard Lazare et l'Ecole de la Paix
Ecole de la paix, 7 rue Très-Cloîtres, Grenoble, du 4 au 13 octobre 1998
De septembre 1996 à mars 1997, le Centre International pour la Paix au Proche Orient a organisé le deuxième atelier de photographie pour adolescents israéliens et palestiniens. Vingt six adolescents, douze palestiniens et quatorze israéliens, laïcs ou religieux, musulmans, juifs ou chrétiens, se sont réunis chaque vendredi après-midi à Jérusalem pour apprendre, par l'étude et la discussion, à connaître leur mode de vie au niveau collectif et individuel, en s'appuyant sur les photographies qu'ils ont réalisées comme outils de découverte et d'expression.
La réussite de leur expérience collective et interpersonnelle leur a permis de soulever, d'exprimer et de discuter les questions les plus difficiles d'une manière exceptionnelle. Des conférences illustrées de diapositives mirent les adolescents en présence de journalistes internationaux de renom, et les confrontèrent aux interprétations variées que ces derniers donnaient de leur expérience. Les critiques furent utilisées en forum ouvert pour discuter des modes de vies mutuels et des rituels personnels.
En outre, il était demandé aux adolescents de s'exprimer personnellement par écrit, leurs textes étant régulièrement partagés en classe. La présence de colons, parmi des Israéliens laïcs et des juifs religieux, de Palestiniens aisés à côté de Palestiniens des camps de réfugiés, d'arabes israéliens chrétiens ou musulmans a créé un environnement unique dans lequel l'attention ne portait pas seulement sur le conflit lui-même, mais sur l'identité à l'intérieur de ces sociétés.
Les photographies furent l'outil qui facilita une collaboration difficile, et les résultats de cet effort constructif culminèrent dans une exposition internationale, présentée pour la première fois au public à Gaza, puis à Jérusalem, puis à Washington, et, pour la première fois en Europe, à Grenoble.
Trois personnalités reconnues pour leur autorité morale, appartenant à chacune des trois grandes familles culturelles, juive, musulmane, et chrétienne, ont inauguré cette exposition.
Etaient également présents :
Cette exposition a été visitée par des adolescents dans le cadre scolaire, et a été l'occasion d'échanges très positifs.
La foi en Dieu, en une superpuissance, un prophète, une statue
dont chaque mot est sacré.
Nous luttons et nous sacrifions au nom de cette foi.
Mais les victimes ne sont pas "deux jeunes pur-sang sans défaut"
mais des soldats / des enfants, âgés de 18 ans et sans reproches.
Qu'est-ce qui est plus important, la foi en Dieu ou la guerre au nom de Dieu ?
I. G., 15 ans, Tel Aviv.
Je suis une étoile qui cherche le rayon de sa lumière,
une goutte qui ne peut trouver la mer qui lui est propre,
je suis une perle qui cherche son sable,
une fleur avide de trouver sa source,
je suis un mot désireux d'être compris,
je suis une enfant qui serait heureuse dans son nid,
une adolescente qui veut accomplir ses rêves,
je suis une femme qui veut vivre sa vie,
une Palestinienne qui veut la paix sur sa terre,
je suis une âme qui veut connaître sa volonté,
je suis moi et ne veux être personne d'autre.
R. A., 15 ans, Jérusalem.
et essayé, à travers toi, de me comprendre.
Tu m'as poussée à photographier mon univers
mais tu n'as pas facilité ma tâche
et je n'ai pas réussi.
Après t'avoir enfin compris et plongé dans ta mer
j'ai commencé à comprendre ta façon de penser
et par toi appris quel est mon destin.
J'espère que je ne te décevrai jamais.
S. A., 16 ans, Beit Safafa, Jérusalem
De nombreux points de désaccord existent entre nous.
Chez mon frère, il y a une part de son être
qui veut parvenir à ses fins par la force,
chez moi aussi se manifeste cette envie.
Mais ma tête sait, et mon coeur sent
qu'ainsi nous ne parviendrons jamais à une solution qui soit juste.
Dans ma tête et mon coeur existent des forces
qui veulent différentes solutions,
dans mon coeur les émotions sont mêlées,
et toutes savent qu'il est indispensable de trouver une solution.
Le problème est : comment ?
Actuellement, mon frère et moi nous trouvons au milieu du gué,
engagés dans une tentative de réglement,
une solution qu'une part de moi-même pense la meilleure
dans les circonstances actuelles,
et l'autre part pense que ce serait la plus grande catastrophe
que je puisse attirer sur moi.
A. W., 16 ans, Efrat
Brèves
Il y a longtemps, dans une synagogue d'Odessa avait lieu un service religieux.
La moitié des présents s'est mise debout, et l'autre moitié est restée assise.
Les assis ont commencé à réclamer que les autres se rassoient,
et ceux qui étaient debout ont réclamé que les autres suivent leur exemple...
Le rabbin, qui ne savait pas quoi faire, décida de s'adresser au fondateur
de la synagogue, le vieux Moïché.
Il invita un représentant de chaque fraction, et ils allèrent tous chez Moïché
pour lui demander conseil.
Le représentant des "debout" demanda :
- Être debout pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le représentant des "assis", tout content, demanda :
- Alors, se tenir assis pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le rabbin, perplexe, dit :
- Mais... pendant le service, une moitié se met debout et l'autre reste assise,
et les querelles s'ensuivent...
- Voilà! - dit le vieux Moïché. - Ça, c'est notre tradition !