les retrouvés, par Jo Anger-Weller

Les retrouvés

Professeur de mathématiques, peintre et plasticienne, Jo ANGER-WELLER est aussi musicienne, auteure reconnue d'un ouvrage d'harmonie.

D'où viennent tous ces talents, signe de résilience pour reprendre le mot de Boris Cyrulnik ? Peut-être de la solitude intime qui accompagna sa vie : le 14 mai 1941, son père est raflé et assassiné à Auschwitz. Ceux de sa famille qui avaient réussi à fuir avaient fait souche ailleurs. Elle en avait quelques échos par sa mère : une soeur en Amérique du Sud, un oncle à Long Island ; et puis plus rien pendant si longtemps.

Par-delà la souffrance longtemps étouffée s'est frayé le chemin de la volonté de survie et de création, son père adoptif lui en donna la force. Ensuite, arriva le temps de l'engagement politique puis le souci d'autres déshérités de la planète :les disparus d'Argentine, du Chili, d'Angola...

Plus tard, elle a commencé à fouiller ici et là comme on peut aujourd'hui le faire grâce aux nouveaux outils électroniques. « Ces morts que j'allais découvrir dans la base de données de Yad Vashem allaient me faire parcourir une bonne partie de la planète et me permettre de rencontrer les vivants. » Ceux qui, comme elle, en avaient réchappé.

Elle lit Les Disparus de Daniel Mendelsohn... et se met à écrire. Composition, contrepoint où se mêlent les voix des temps retrouvés : celle du présent, directe et incisive, réservée au récit de ses recherches, de son périple et de ses rencontres, entre en résonance avec les documents, les silences et les paroles resurgies de l'enfance.

Irène Saya


Brèves

Notre tradition

Il y a longtemps, dans une synagogue d'Odessa avait lieu un service religieux.
La moitié des présents s'est mise debout, et l'autre moitié est restée assise.
Les assis ont commencé à réclamer que les autres se rassoient, et ceux qui étaient debout ont réclamé que les autres suivent leur exemple...
Le rabbin, qui ne savait pas quoi faire, décida de s'adresser au fondateur de la synagogue, le vieux Moïché. Il invita un représentant de chaque fraction, et ils allèrent tous chez Moïché pour lui demander conseil.
Le représentant des "debout" demanda :
- Être debout pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le représentant des "assis", tout content, demanda :
- Alors, se tenir assis pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le rabbin, perplexe, dit :
- Mais... pendant le service, une moitié se met debout et l'autre reste assise, et les querelles s'ensuivent...
- Voilà! - dit le vieux Moïché. - Ça, c'est notre tradition !