Ciné-concert : Le bonheur juif de Alekseï Granovski

film soviétique muet de 1925
accompagné par les musiciens du "Théâtre en l'Air" de Strasbourg

Le Cbl-Grenoble, le CCJ et l'AJP vous souhaitent une bonne année 2015
et vous proposent de la commencer par

une soirée Ciné-Concert exceptionnelle
le 10 janvier 2015 à 20 heures au CCJ, 6 rue Jay, Grenoble

Participation aux frais 15 €; tarif réduit : 10 €

Le bonheur juif de Alekseï Granovski
a été réalisé en 1925, d'après la nouvelle de Sholem Aleykhem Menakhem Mendel le rêveur

Le bonheur juif

Présentation

L'image du juif dans le cinéma soviétique : les fantômes du Yiddishland
par Françoise Navailh, historienne du cinéma

En U.R.S.S., l'État contrôle entièrement le cinéma : le contenu n 'y est donc jamais innocent. Et de fait, l'évolution de l'image du Juif suit de près l'évolution du régime selon deux périodes, avant et après la Deuxième Guerre mondiale.

En 1919, l'agitfilm Camarade Abraham présente un itinéraire modèle : ouvrier, soldat de l'Armée rouge, responsable. C'est le début d'un courant qui s'arrête vers 1937 où le Juif est un citoyen neutre. Pour Lénine, intégration et assimilation étaient la seule solution progressiste. Mais les faits résistent à la théorie et rapidement se développe une culture juive populaire, « nationale par la forme, socialiste par le contenu ».

Sortent alors des films en yiddish, huit muets et un parlant [1], à côté de films russes sur les Juifs. Thème récurrent : la vie du shtetl (bourgade juive provinciale) sous le tsar.

Version drôle, les aventures tragicomiques d'un « marchand de vent » dans Le Bonheur juif (A. Granovski, 1925) ;

version tragique, les pogromes compensés par la solidarité avec les ouvriers russes dans Le Déluge (E. Ivanov-Barkov, 1926).

Il s'en dégage une impression d'êtres faibles et apeurés, confirmée par quelques types de musiciens fragiles. Dans tous ces films, l'antisémitisme, passé et présent, est sévèrement condamné.

Contre cette vision du passé, G. Rochal tourne Son Excellence (1928) et Un homme du shtetl (1930) qui concilient deux impératifs : ancrage juif et engagement révolutionnaire.

Antithèse du Juif frêle stéréotypé, ses héros sont des êtres forts, énergiques et courageux qui ne se conçoivent pas en dehors d'un monde nouveau non juif.

Mais bientôt l'accusation de nationalisme bourgeois fleurit. La caméra exprime la crainte de l'avenir.
Dans A travers les larmes (G. Gritcher-Tcherikover, 1928), le shtetl sert de métaphore au judaïsme. Isolée du monde extérieur, la bourgade procure une certaine sécurité, liée à la tradition. La peur du nouveau destructeur y est palpable. Les auteurs parlent avec mélancolie de ce passé et appellent à une renaissance spirituelle face à des menaces encore confuses. ...


Brèves

Notre tradition

Il y a longtemps, dans une synagogue d'Odessa avait lieu un service religieux.
La moitié des présents s'est mise debout, et l'autre moitié est restée assise.
Les assis ont commencé à réclamer que les autres se rassoient, et ceux qui étaient debout ont réclamé que les autres suivent leur exemple...
Le rabbin, qui ne savait pas quoi faire, décida de s'adresser au fondateur de la synagogue, le vieux Moïché. Il invita un représentant de chaque fraction, et ils allèrent tous chez Moïché pour lui demander conseil.
Le représentant des "debout" demanda :
- Être debout pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le représentant des "assis", tout content, demanda :
- Alors, se tenir assis pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le rabbin, perplexe, dit :
- Mais... pendant le service, une moitié se met debout et l'autre reste assise, et les querelles s'ensuivent...
- Voilà! - dit le vieux Moïché. - Ça, c'est notre tradition !