Conférence de Muriel Klein :
Mettre des mots sur le silence

Muriel Klein-Zolty, écrivain public, docteur en sociologie et petite-fille de déportés, présente le livre qu'elle a co-écrit avec Simone Polak : "Agis comme si j'étais toujours à tes côtés"

Au CCJ le mercredi 5 juin 2019 à 19h30; entrée libre

Simone Polak, juive alsacienne, est une des dernières survivantes des camps. Après 70 ans de silence, elle décide de témoigner et signe "Agis comme si j'étais toujours à tes côtés", livre qui retrace aussi l'histoire de sa "résilience" et qui dégage une force de vie.

Muriel Klein a écouté Simone et mis en mots son récit. En l'accompagnant avec empathie, elle nous livre une exigeante et nécessaire écriture de la mémoire. Sa conférence sera aussi l'occasion d'évoquer l'histoire et la culture spécifiques des juifs d'Alsace.

Couverture livre Simone Polak

Après avoir refermé le manuscrit de Simone Polak, m'est venu spontanément à l'esprit ce mot de Vladimir Jankelevitch dans son livre L'imprescriptible : "On croyait savoir et on ne savait pas encore, ni à quel point".

A l'instar de Charlotte Delbo, Simone Polak réussit à nous dire avec une sobriété inouïe (rien d'incantatoire ni de larmoyant) une barbarie et une souffrance ayant appartenu à une Planète (la "Planète des cendres" comme l'a qualifié Haïm Gouri) au-delà des mots, au-delà de tout langage. Et ceci avec une réserve, une distance, que l'on retrouve aussi sous la plume de Primo Levi, et qui nous fait toucher la vérité.

Seule, sans doute, elle peut nous communiquer son expérience, nous faire sentir le désespoir de son immense solitude mais aussi nous faire croire en la capacité en l'être humain de vivre, comme elle en témoigne lorsqu'elle s'adresse à un officier SS en prétendant avoir 16 ans et être couturière : "Mon audace me sidère encore, avoir osé exister ! "

Un livre qui nous donne envie de continuer à l'interroger avec nos questions naïves, à lui demander, dans la mesure où l'on ne comprend que trop, comment tant de déportés ont été assassinés par millions là-bas, comment quelques-uns comme elle ont survécu, et surtout comment ces survivants ont pu redevenir des vivants.

Notre reconnaissance ira aussi à Muriel Klein-Zolty, elle-même petite- fille de déportés, qui a réussi cette difficile tâche de construire un dialogue entre elle et Simone Polak, et pour avoir eu le courage de l'accompagner dans ce retour bouleversant sur son passé afin de donner forme à ce livre.

René Gutman Grand rabbin Emérite de Strasbourg et du Bas-Rhin


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Brèves

Notre tradition

Il y a longtemps, dans une synagogue d'Odessa avait lieu un service religieux.
La moitié des présents s'est mise debout, et l'autre moitié est restée assise.
Les assis ont commencé à réclamer que les autres se rassoient, et ceux qui étaient debout ont réclamé que les autres suivent leur exemple...
Le rabbin, qui ne savait pas quoi faire, décida de s'adresser au fondateur de la synagogue, le vieux Moïché. Il invita un représentant de chaque fraction, et ils allèrent tous chez Moïché pour lui demander conseil.
Le représentant des "debout" demanda :
- Être debout pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le représentant des "assis", tout content, demanda :
- Alors, se tenir assis pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le rabbin, perplexe, dit :
- Mais... pendant le service, une moitié se met debout et l'autre reste assise, et les querelles s'ensuivent...
- Voilà! - dit le vieux Moïché. - Ça, c'est notre tradition !