LE MONDE, vendredi 5 avril 2002
Votre aveuglement anti-israélien a eu des conséquences absolument catastrophiques au lieu d'avoir des effets bénéfiques pour le processus de paix.
on ne peut qu'être stupéfait, choqué et révolté par la violence des attaques dont Israël est aujourd'hui l'objet.
Car que peuvent dire, s'ils sont de bonne foi, les détracteurs d'Israël :
A force de condamner sans arrêt Israël, à force de critiquer tout ce que font les Israéliens de droite comme de gauche, religieux comme laïques, à force d'applaudir à tout rompre à toute déclaration d'Arafat, à force de faire semblant de croire dans toutes ses promesses, à force d'accréditer que tout le Bien se trouve dans le camp arabe et tout le Mal dans le camp israélien, les défenseurs de la juste cause palestinienne n'ont pas assez mesuré les conséquences tragiques de leur unilatéralité.
Alors, bien sûr, chers amis de la gauche française et européenne, vous répéterez : non, non, vous n'avez pas compris, nous n'en voulons pas à l'Etat juif, seulement à sa politique, seulement à Sharon le diable, seulement à Tsahal, et je crois que vous le pensez sincèrement.
Mais réalisez enfin que votre aveuglement anti-israélien a eu des conséquences absolument catastrophiques au lieu d'avoir des effets bénéfiques pour le processus de paix !
Alors que Tsahal est dans Ramallah et que les kamikazes se font exploser heure après heure, je me demande parfois, comme d'autres intellectuels sionistes de la gauche israélienne, d'où ressort votre haine d'Israël.
Peut-être tout cela à la fois.
Allons, il est temps de se reprendre, rectifiez le tir. Juifs, musulmans et chrétiens du Moyen-Orient vivent des heures extrêmement sombres. La gauche française et européenne peut contribuer à faire renaître le processus de paix, et à donner un espoir aux enfants palestiniens et israéliens.
Mais, pour cela, le temps est venu de revenir vers une position plus équitable, plus juste, plus consciente des responsabilités des uns et des autres, et qui ne pousse pas encore plus les Israéliens dans le délire sharonien dans lequel vous, oui vous, les enfermez.
Ilan Greilsammer est professeur de science politique à l'université Bar-Ilan (Israël).
Brèves
Il y a longtemps, dans une synagogue d'Odessa avait lieu un service religieux.
La moitié des présents s'est mise debout, et l'autre moitié est restée assise.
Les assis ont commencé à réclamer que les autres se rassoient,
et ceux qui étaient debout ont réclamé que les autres suivent leur exemple...
Le rabbin, qui ne savait pas quoi faire, décida de s'adresser au fondateur
de la synagogue, le vieux Moïché.
Il invita un représentant de chaque fraction, et ils allèrent tous chez Moïché
pour lui demander conseil.
Le représentant des "debout" demanda :
- Être debout pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le représentant des "assis", tout content, demanda :
- Alors, se tenir assis pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le rabbin, perplexe, dit :
- Mais... pendant le service, une moitié se met debout et l'autre reste assise,
et les querelles s'ensuivent...
- Voilà! - dit le vieux Moïché. - Ça, c'est notre tradition !