Compte-rendu des assises du mouvement
Les Amis de la Paix Maintenant
Les Amis de Shalom Akhshav en hébreu
tenues le 23 janvier 2002 au Cercle Bernard Lazare - Paris
Coordonnées du mouvement "Shalom Akhshav" :
Site internet Peacenow.org
Adresse : PO Box 29828, Tel Aviv, Israël
Téléphone : 972 3 566 32 91, 972 2 566 06 48
Fax : 962 3 566 32 86
Le soutien à Shalom Akhshav (La Paix Maintenant) dont témoigne l'affluence de ce soir nous fait chaud au coeur, au moment ou les choses ne vont pas au mieux dans le conflit entre nous et les Palestiniens, devait déclarer Dan Bittan, venu tout exprès de Jérusalem représenter le mouvement à ces Assises.
Deux cents personnes se pressaient en effet mercredi 23 janvier dans les locaux du 10 rue Saint Claude, répondant à l'appel des Amis de Shalom Akhshav en France à définir ensemble nos projets et modes d'action.
Shalom Akhshav, Jérusalem
Face à la coalition de fait pour la guerre, une coalition pour la paix se met en place entre Palestiniens et Israéliens. Les sondages affichent le même paradoxe dans les deux sociétés : 70% des Israéliens soutiennent la politique de force du gouvernement Sharon, 70 à 80% des Palestiniens soutiennent l'Intifada et pourtant, de chaque côté, une majorité s'affirme en faveur d'une solution négociée. Il appartient à la coalition pour la paix de s'en faire le ciment.
Sur les deux versants de la Ligne verte, les deux camps de la paix travaillent différemment dans des sociétés différentes dont ils regroupent des segments différents, mais ils entretiennent un haut niveau de coopération.
En Israël, le camp de la paix recouvre le Meretz, une partie du Parti travailliste autour de Yossi Beilin et Colette Avital, et certains responsables politiques ou militaires comme Ami Ayalon ont pris publiquement des positions proches des siennes.
Ils coopèrent avec des intellectuels et hauts dirigeants de l'Autorité palestinienne comme Yasser Abed Rabo, ministre de l'Information, Zyad Abu Zayad, Hanane Ashraoui ou Sari Nusseibeh, l'actuel président de l'université Al-Quds de Jérusalem. Après que celui-ci ait publié en arabe dans la presse palestinienne un article prônant l'instauration, sur la base des frontières de 1967, d'un Etat palestinien aux côtés de l'Etat d'Israël avec Jérusalem-Est pour capitale et un statut particulier pour le Mont du Temple, moyennant la renonciation au droit des réfugiés au retour à l'intérieur de la Ligne verte, sans laquelle rien ne serait possible, sa position au sein de la société palestinienne n'a fait que se renforcer. En dépit de multiples attaques et de vifs débats dans la presse, il a reçu une semaine plus tard des mains mêmes d'Arafat le mandat de commissaire de l'O.L.P.à Jérusalem, en remplacement de Faycal Husseini ; il fait désormais partie, au même titre qu'Abu Mahzen son contradicteur, du premier cercle autour d'Arafat, ceux qui entrent dans "sa cuisine", comme l'on dit en Israël par analogie à celle de Golda Meir où se faisait et se défaisait la politique du pays; il compte, enfin, au nombre des six ou sept négociateurs en charge des pourparlers avec Israël.
Un camp de la paix palestinien s'affirme ainsi aux côtés du camp israélien de la paix; ensemble, nous pouvons travailler dans les deux sociétés.
Cela fait vingt ans que nous menons dans la communauté des activités en faveur de la paix, rappelle David Chemla, ouvrant la seconde partie de ces Assises, que nous essayons de faire connaître Shalom Akhshav, de soutenir ses efforts et de les relayer ici. Sur la base de vos réponses au questionnaire que nous faisons circuler depuis quelques semaines, nous avons voulu ce soir partager nos réflexions et élaborer ensemble les actions à venir. Gérard Eizenberg, chaleureusement remercié d'animer à Paris la liste de courrier électronique des Amis de Shalom Akhshav, propose une synthèse des réponses aux questions lancées sur le réseau :
Le taux de réponse témoigne à lui seul d'une forte attente : parmi les quatre cents personnes inscrites sur cette liste, une quarantaine ont répondu, souvent de façon précise et argumentée, et affirment combien elles se sentent concernées. On trouve dans ce courrier :
Il s'agit, d'une manière générale, de faire converger les volontés.
Avant que le débat ne s'ouvre et comme à la charnière des mondes, un étudiant de Gaza, de passage en France après quelques mois de séminaire en Israël au sein d'un kibboutz, souhaite nous apporter le message de ses amis tant israéliens que palestiniens. Les premiers attendent aujourd'hui anxieusement de pouvoir vivre en sécurité, les seconds en paix et dans des conditions économiques décentes. S'il a choisi ce soir de participer à notre réunion, c'est que les manifestations de Shalom Akhshav, en 1982, ont été si déterminantes. Au nom de ses amis des deux côtés, il a voulu témoigner et nous encourager à agir.
Le débat s'engage ensuite suivant les trois axes cités :
Alors que Marc Lefevre évoque Internet comme moyen privilégié de faire circuler l'information, des témoignages et des débats, voire nos formulaires d'adhésion et demandes de cotisation, plusieurs propositions se font entendre visant à élargir notre réseau d'abonnés au courrier électronique de La Paix Maintenant : tout cela demande du travail mais peut se faire sans signatures célèbres, à la différence de la moindre mention dans la presse écrite. Il faut coordonner tout cela, fédérer les énergies.
Dov Puder s'interroge cependant : Voulons-nous seulement informer ? La communauté commet une erreur très grave en ne parlant qu'information et désinformation. Cela nous mène à ne jamais traiter des problèmes de la société française ainsi que Dan vient de le faire pour la société israélienne, où 25% de l'opinion publique a basculé après l'échec de Camp David alors qu'une majorité se dessinait jusque là en faveur d'une paix négociée. Le même phénomène s'est produit ici. L'urgence est de reconquérir une partie du public. Il nous faut atteindre le second cercle, l'ensemble de la mouvance humaniste, tous ceux qui veulent un accord de principe sans toujours savoir quels sont les points précis qu'il recouvre. Cela suppose de laisser parler les gens, pas seulement de répercuter l'information au sein d'une liste forcement limitée. Ecouter, c'est aussi faire de la politique, dit-il, insistant en conclusion sur la nécessité de lutter contre toute importation du conflit israélo-palestinien sur le terrain français.
Une bénévole d'Education sans frontières exprime la conviction partagée par un groupe femmes israéliennes et palestiniennes que c'est dans le monde de l'éducation qu'il importe d'agir. Il faut aider à faire savoir qu'une coopération s'est mise en place entre elles dans des centres ou de jeunes Arabes apprennent l'hébreu et vice-versa.
La journaliste à l'initiative de laquelle un groupe d'artistes juifs et arabes viennent de tenir une rencontre surmédiatisée, évoque cet événement qui fait la Une du jour. Des réactions parfois vives se font entendre dans l'assistance, préoccupée par le côté unilatéral des propos tenus. Annie Dayan, de longue date engagée dans le dialogue entre intellectuels juifs et arabes en France, estime qu'il faut, an préalable, exiger de ces derniers des prises de positions claires dans leur communauté : on n'incendie pas les synagogues !
Toujours au chapitre des relations intra- et extra-communautaires, elle nous propose de trouver un espace de parole au sein de la communauté juive, puis de travailler à faire entendre notre voix dans la société française : il nous revient d'informer l'ensemble de l'opinion française, et en particulier la gauche, que le camp de la paix israélien ne se réduit pas à quelques groupes radicaux.
Marc et David font en conclusion un appel à des contributions écrites, dans le souci d'apporter au débat d'idées communautaires et dans les médias une critique qui ne diabolise pas : Comme Dan le disait, il s'agit d'écrire, témoigner, dire et expliquer encore et encore. Ils annoncent, en parallèle avec l'élaboration de prises de position bientôt rendues publiques par Shalom Akhshav en Israël, la préparation ici d'un manifeste qui sera diffusé par courrier électronique (et classique en cas de besoin).
Site internet : Peacenow.org Adresse : PO Box 29828, Tel Aviv, Israël Téléphone : 972 3 566 32 91, 972 2 566 06 48 Fax : 962 3 566 32 86
Brèves
Il y a longtemps, dans une synagogue d'Odessa avait lieu un service religieux.
La moitié des présents s'est mise debout, et l'autre moitié est restée assise.
Les assis ont commencé à réclamer que les autres se rassoient,
et ceux qui étaient debout ont réclamé que les autres suivent leur exemple...
Le rabbin, qui ne savait pas quoi faire, décida de s'adresser au fondateur
de la synagogue, le vieux Moïché.
Il invita un représentant de chaque fraction, et ils allèrent tous chez Moïché
pour lui demander conseil.
Le représentant des "debout" demanda :
- Être debout pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le représentant des "assis", tout content, demanda :
- Alors, se tenir assis pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le rabbin, perplexe, dit :
- Mais... pendant le service, une moitié se met debout et l'autre reste assise,
et les querelles s'ensuivent...
- Voilà! - dit le vieux Moïché. - Ça, c'est notre tradition !