Rencontres Avérroès-Maïmonide : L'actualité de Avérroès et Maïmonide

Deuxième partie

Les philosophes grecs, la pensée de l'occident ont servi, à l'âge d'or de Cordoue, de médiation et de renouvellement pour les pensées monothéistes juive et musulmane. Y-a-t'il encore une actualité de Maïmonide et d'Averroès pour répondre aux questions de notre siècle ?

Samedi 17 janvier 2004 à 15 h à AMAL, 57 avenue du Maréchal Randon

Averroès Maïmonide


avec

  • Fethi Benslama, psychanalyste, Paris
  • Maurice Kriegel, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris
  • Henri Cohen Solal, psychanalyste, Paris

A l'invitation de

  • Association Culturelle Franco-Maghrébine AMAL
  • Cercle Bernard Lazare - Grenoble
  • Crif - Grenoble
  • Grenoble Espérance

Averroès, philosophe arabe du XIIe siècle

Averroès (nom arabe : Abú al-Walìd ibn Ruchd) était, entre autres, un médecin et philosophe arabe au XIIe siècle, né à Cordoue (1126-1198).
Averroès a étudié, en plus de la jurisprudence musulmane que lui a enseignée son père qui était juge, la théologie, la philosophie, les mathématiques et la médecine. Il occupa plusieurs hautes fonctions : cadi de Séville (1169), grand cadi de Cordoue (1171), premier médecin à la cour du calife Abù Yaqub Yusuf (1182).

Averroès est devenu célèbre notamment au travers de sa conception des vérités métaphysiques.
Pour lui, elles pouvaient en effet s'exprimer de deux manières différentes et pas forcément contradictoires : par la philosophie (Aristote, néoplatoniciens) et par la religion. Cette façon de présenter deux catégories de vérités fut perçue de manière hostile par les religieux à l'esprit étroit, et Averroès fut exilé en 1195.

Son influence posthume en Islam fut quasi nulle, et c'est à des juifs et des chrétiens qu'on doit la conservation et la traduction de ses oeuvres. Son oeuvre majeure est le Tahafut al-Tahafut (L'Incohérence de l'Incohérence). Ses commentaires des oeuvres d'Aristote figurent parmi les plus fidèles ; ils furent traduits en latin et en hébreu et eurent une grande influence sur la pensée chrétienne et philosophique dans l'Europe médiévale.

Maïmonide, philosophe juif du XIIe siècle

En 1985, l'UNESCO a proposé à la Communauté Internationale de célébrer le 850ème anniversaire de la naissance de Mosché Ben Maïmon dit Maïmonide (Mars 1135-décembre 1204). Un choix symbolique à l'heure de la montée des intégrismes religieux et des violences partout dans le monde.

Sensible au pluralisme des cultures, Maïmonide lutta toute sa vie contre l'obscurantisme. Soucieux de préserver la tradition juive dans laquelle il fut élévé, il se laissa imprégner par les diverses cultures méditerranéennes qu'il connut du fait de ses exils successifs.

Mais il chercha surtout à repenser ces diverses traditions à la lumière de la Raison Occidentale : Philosophe juif, il s'engagea dans l'étude de la pensée arabo-islamique. Penseur de la théologie juive, il chercha à concilier la raison et la foi, et prit le risque de pourfendre l'irrationel.

Ecrit pour des intellectuels écartelés entre la tradition religieuse et la pensée scientifique et philosophique de l'époque, Le Guide des égarés (ou "guide des perplexes") tente surtout de mettre en accord l'enseignement de la bible et de ses commentaires avec la philosophie d'Aristote. Reconnu très vite comme une oeuvre maîtresse, il influença les pensées juive, chrétienne et musulmanne. Savant talmudiste, il mit en ordre ce code religieux, l'enrichit de nombreux commentaires, et en donna un abrégé accessible à tous. Homme de loi, il rédigea un traité à l'usage des minorités. Médecin, il fut assez "moderne" pour penser l'homme comme une totalité dans laquelle l'âme et le corps sont indissociables.

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Brèves

Notre tradition

Il y a longtemps, dans une synagogue d'Odessa avait lieu un service religieux.
La moitié des présents s'est mise debout, et l'autre moitié est restée assise.
Les assis ont commencé à réclamer que les autres se rassoient, et ceux qui étaient debout ont réclamé que les autres suivent leur exemple...
Le rabbin, qui ne savait pas quoi faire, décida de s'adresser au fondateur de la synagogue, le vieux Moïché. Il invita un représentant de chaque fraction, et ils allèrent tous chez Moïché pour lui demander conseil.
Le représentant des "debout" demanda :
- Être debout pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le représentant des "assis", tout content, demanda :
- Alors, se tenir assis pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le rabbin, perplexe, dit :
- Mais... pendant le service, une moitié se met debout et l'autre reste assise, et les querelles s'ensuivent...
- Voilà! - dit le vieux Moïché. - Ça, c'est notre tradition !