Al-Manar, la chaîne de télévision du Hezbollah

Roger Cukierman, Président du CRIF,
demande des explications à Dominique Baudis, Président du CSA

le 22 novembre 2004

Monsieur le Président,

- La décision du CSA de conventionner la chaîne du Hezbollah Al Manar déconsidère votre institution. Il y a tant d'incohérences dans cette décision qu'on ne peut, me semble-t-il, l'expliquer que par une soumission du CSA à des pressions venues de pays qui parrainent le Hezbollah : le Liban qui l'héberge, la Syrie, puissance occupante et l'Iran qui finance et arme le Hezbollah.

- Il est incohérent que vous ayez en juillet 2004 demandé au Conseil d'Etat l'interdiction d'Al Manar, et que vous la conventionniez en novembre 2004.

- Il est incohérent que vous ayez refusé en 2004, la chaîne kurde Média TV pour cause de risques d'atteintes à l'ordre public, alors que le risque kurde en France paraît bien marginal au regard du potentiel terroriste du Hezbollah.

- Il est incohérent que vous ne respectiez pas votre mission qui est de vous appuyer sur le dossier du passé pour prendre des décisions, et non sur les seules promesses concernant l'avenir. Imaginez qu'une organisation pornographique ou mafieuse vous demande le conventionnement. L'accepteriez vous si elle promet qu'à l'avenir elle cessera ses activités passées ?

- Il est incohérent que vous alliez à l'encontre de la politique des pouvoirs publics de lutte contre l'antisémitisme en permettant à une télévision d'atteindre des millions de foyers français avec des films rappelant les accusations mensongères de meurtres rituels avec des images que le Premier ministre a qualifié « d'images insupportables à la vue, brûlantes au coeur et révoltantes à la raison ».

- Il est incohérent que vous conventionniez Al Manar en vous appuyant sur des attendus qui justifieraient une décision contraire : « Un clip musical, le 10 octobre, met quant à lui en scène des enfants à des fins de propagande politique, ce qu'exclut l'article 2-4 de la convention».

- Pour toutes ces raisons, nous vous demandons formellement, en vous appuyant sur vos propres attendus, de saisir le procureur de la République, de revoir votre décision d'autorisation ou de saisir le Conseil d'Etat afin qu'il retire votre autorisation du 19 novembre 2004.

- Bien entendu, nous donnerons le plus large écho à la présente lettre en espérant que la pression de l'opinion publique française l'emportera, que l'éthique prévaudra sur les pseudos raisons d'état, et que le CSA viendra à résipiscence.

- Veuillez croire, Monsieur le Président, à l'expression de mes sentiments les meilleurs.

Roger Cukierman Président


Brèves

Notre tradition

Il y a longtemps, dans une synagogue d'Odessa avait lieu un service religieux.
La moitié des présents s'est mise debout, et l'autre moitié est restée assise.
Les assis ont commencé à réclamer que les autres se rassoient, et ceux qui étaient debout ont réclamé que les autres suivent leur exemple...
Le rabbin, qui ne savait pas quoi faire, décida de s'adresser au fondateur de la synagogue, le vieux Moïché. Il invita un représentant de chaque fraction, et ils allèrent tous chez Moïché pour lui demander conseil.
Le représentant des "debout" demanda :
- Être debout pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le représentant des "assis", tout content, demanda :
- Alors, se tenir assis pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le rabbin, perplexe, dit :
- Mais... pendant le service, une moitié se met debout et l'autre reste assise, et les querelles s'ensuivent...
- Voilà! - dit le vieux Moïché. - Ça, c'est notre tradition !