Troisième festival de culture juive du Cbl-Grenoble, décembre 1997

Ce troisième festival fait partie de l'opération
« Méditerranée un pont entre les deux rives »
initiée par ADATE, ALIF, CIIP, ODTI

Voici donc le troisième festival de musique et de théâtre juifs que le Cercle Bernard Lazare propose à Grenoble.
Parce que cette année le public grenoblois a vu de nombreuses manifestations d'expression culturelle de tous les pays du pourtour de la Méditerranée, le CBL-G a tenu à faire connaître à Grenoble la création artistique israélienne.

Un concert présentera des musiques israéliennes d'aujourd'hui interprétées par un trio de solistes de l'orchestre symphonique d'Israël. C'est la première fois qu'il est présenté un programme qui n'est pas construit sur le répertoire traditionnel mais qui s'ouvre en proposant dans des créations contemporaines une musique actuelle qui n'est en aucun cas ni aride ni hermétique..., une musique qui puise dans la tradition populaire méditerranéenne...

Le festival vous fera aussi découvrir le théâtre israélien. En effet, Rafaë1 Goldwaser, dont nous avons pu apprécier le talent ces deux dernières années, et ses partenaires de Strasbourg, interpréteront une pièce de Hannoch Lewin, le plus joué des auteurs israéliens. Cette pièce est traduite en français et comporte de nombreux passages chantés. Hannoch Lewin est un auteur acide, drôle et fantaisiste. La représentation sera suivie d'un débat sur le théâtre israélien animé par un journaliste israélien.

Un moment fort de ce festival sera la rencontre judéo-arabe en concert : soirée de la convivienza avec l'association ALIF. Au delà des conflits et des tensions, la fête musicale représente un vecteur essentiel de rapprochement. II est en outre intéressant de souligner la proximité des cultures musicales entre les rives est et ouest de la méditerranée, les populations de ces pays s'étant longtemps nourries des mêmes héritages et des mêmes atmosphères sonores. C'est cette atmosphère festive, conviviale et enrichissante que le CBL et l'ALIF cherchent à revivifier à Grenoble, sous forme de rencontres musicales qui pourraient constituer le bouquet final de cette année «Méditerranée». Cette rencontre combine les modes musicaux des cultures juive et arabe de la Méditerranée occidentale et orientale.

Programme du festival


Concert : Le trio de Jérusalem : Aperçu de musiques Israéliennes d'aujourd'hui

le 9 décembre 1997 à 20 h 30
au Conservatoire National de Région 6 chemin de Gordes, Grenoble
Par le trio de Jérusalem

Je ne sais quoi d'indéterminable survivra au concert, et ce je-ne-sais-quoi évoque une sorte d'échappée vers l'horizon, je ne sais quelle transformation pneumatique a fait de l'homme un autre homme, et cette transformation l'accompagnera secrètement comme un viatique sur la route aventureuse et passionante où il chemine.
Vladimir Yankélévitch.
La Méditerranée, de rives en rives. Ulysse et ses compagnons navigateurs, et depuis eux, toutes les Odyssées, jusqu'a celles qui ont fixé des générations de juifs émigrés d'Afrique et d'Europe sur la rive devenue israélienne.
Comment les musiciens israéliens contemporains, interprètes et compositeurs, auraient-ils pu cesser de puiser dans les cultures dont ils étaient nourris, comment ne se seraient-ils pas reconnus les héritiers d'une tradition populaire méditerranéenne, juive et arabe, mais aussi bien des mélodies et musiques venues de l'Europe, et du coeur des communautés juives d'Europe centrale et orientale ?
Et dans le même temps, c'est a une musique authentiquement moderne et israélienne qu'ils donnent naissance. Dans la trace de Paul Ben-Haim (1897-1984), combien de compositeurs attestent cette germination : Josef Tal, Marc Lavry, Oedoen Partos, Alexander Uriah, Boskovich, Abel Ehrlich...
André Hajdu, lui, travaillé dès son enfance à Budapest, et dans sa famille même, par la tension entre Occident et Orient, puis élève à Paris de Milhaud et de Messiaen, est salué aujourd'hui en Israël comme l'un des plus grands compositeurs vivants. C'est cette échappée vers l'horizon d'une autre rive méditerranéenne, la rive israélienne, que le Cercle Bernard Lazare propose avec Le trio de Jérusalem.

Programme

  • Paul Ben Haïm : Variations sur une Mélodie Hébraïque, Trio
  • André Hajdu : Instants suspendus, douze préludes pour Violoncelle
  • Yitzhak Edel : Suite in Memoriam (1947), trio
  • Eliane Aberdam : Coriandre et Safran, pour violoncelle et piano
  • Haïm Alexandre : Six danses Israéliennes
  • Ben-Zion Orgad : Ballade pour violon solo
  • Johannes Brahms : trio op. 101 en do mineur

Les compositeurs

  • André Hajdu
    Prix Israël 1997, la plus haute distinction récompensant en Israël un créateur, nous fait l'honneur d'être présent à ce concert.
  • Paul Ben Haïm
    né à Munich, a débuté très jeune sa carrière comme paniste, chef et compositeur. Mais celle-ci fut interrompue par la montée de l'antisémitisme. Dès 1933, il émigre en Palestine. Son style particulier, le style méditerranéen, est le résultat de la rencontre de l'Orient avec son héritage européen.
  • Yitzhak Edel
    est né en 1896 à Varsovie dans une famille de Hassidim, où il fit ses premiers pas en musique. Aprés 1918, il intègre l'Ecole Supérieure de Musique de Varsovie dirigée par Karol Szymanowski. Il arrive en Palestine en 1929. La musique des juifs de Pologne est pour lui une source d'inspiration essentielle.
  • Eliane Aberdam
    formée au Conservatoire National de Région à Grenoble, elle sera l'élève de Marc Kopytman à l'Académie Rubin à Jérusalem. Elle poursuivra sa formation à Berkeley (Californie) par un PHD de composition, où elle enseigne actuellement l'harmonie et la composition.
  • Haim Alexandre
    né à Berlin en 1915, il étudie au conservatoire Stern, avant de s'installer à Jérusalem en 1936 où il termine ses études au conservatoire de Palestine.
  • Ben-Zion Orgad
    né en Allemagne en 1926, arrive enfant en Palestine. Violoniste de formation, il a étudié la composition avec Paul Ben-Haim à Tel Aviv et avec Josef Tal à Jérusalem. Fasciné par la prosodie de la langue hébraique et la cantilation biblique, il en imprègne sa musique.
  • Johannes Brahms
    Un clin d'oeil à occasion du centième anniversaire de sa mort.

Les interprètes

  • Bat-Sheva Sebaldi
    est née à Tel Aviv, et a fait ses études musicales en Israël, avant d'être admise à l'Académie Julliard de New York. Elle est Premier Violon de l'Orchestre Symphonique de Jérusalem.
  • Ina-Esther Joost
    violoncelliste, est née en Allemagne. Lauréate du diplôme du concours Tchaïkovski en 1974, elle devient membre de l'ensemble intercontemporain de l'IRCAM à Paris, puis violoncelliste soliste de l'orchestre de Suisse romande. A partir de 1989 elle est Premier Violoncelle solo de l'Orchestre Symphonique de Jérusalem. Elle a participé à de nombreux festivals en France et dans plusieurs pays d'Europe.
  • Allan Sternfield
    né aux Etats-Unis, a commencé sa carrière de pianiste aussi bien aux Etats-Unis qu'en Amérique du Sud et en Europe, avant de s'installer en Israël en 1976.

Théâtre Mime : les couleurs du silence par Le Mime Messinger.

le jeudi 11 décembre 1997 à 18h30
au petit théâtre 4 rue Pierre Duclot, Grenoble.

Aussi doué que Marcel Marceau dont il fut l'élève,
le Mime Messinger est un fabuleux conteur et un caricaturiste de génie.
Sans crayon, sans parole.
Les enfants l'adorent.
Les parents ne sont pas les derniers à rire.


Soirée de la Convivienza

le 14 décembre 1997 à l8 h 00 à la chapelle Sainte Marie d'en Haut, 30 rue Maurice Gignoux

- Patricia Samuel et ses musiciens (musique judéo-espagnole)
- Ensemble Mouachah avec Taoufik Bestandji (musique arabo-andalouse)

Patricia Samuel et ses musiciens.

La musique que Patricia Samuel interprète fait apparaître la variété des formes et des thèmes ainsi que le rôle de la tradition juive dans la conduite et la modification d'une musique juive hispanique en Europe. Ses chants sont d'origine purement juifs avec des thèmes poétiques inspirés de la "Copla" Andalouse de la Renaissance.
Son répertoire comprend aussi une musique traditionnelle israélienne qui s'inspire de tous les pays dont sont originaires les juifs d'Israël d'aujourd'hui avec une coloration Orientale.
Patricia Samuel, française d'origine judéo-marocaine, interprète des chants traditionnels juifs et israéliens. Soprano, elle a notamment reçu, en 1994, le premier prix du concours de chant de la Maison France-Israël.

Taoufik Bestandji et son ensemble.

Cet ensemble nous bercera dans le Mouachah, qui signifie littéralement "l'ornementé", et qui est la poésie lyrique courtoise. Elle compose le répertoire musical du "Djaouk" (formation) arabo-andalou. Née du génie littéraire et artistique de l'Andalousie musulmane, elle constitue l'essentiel des répertoires musicaux savants du Maghreb et de l'Orient. Elle puise ses formes mélodiques dans l'art de la construction et de l'improvisation modales indo-turco-persanes et a fortement imprégné la poésie occitane. Le groupe Mouachah est une rencontre : intersection d'espaces-temps où des musiciens confirmés se télescopent. Alchimie mystérieuse d'expériences diverses et éparses, puisant profondément dans la tradition et faites d'ingrédients de l'Orient et de l'Occident.
Taoufik Bestandji d'origine ottomane et descendant depuis plusieurs générations d'une famille de musiciens constantinois (Est de l'Algérie), il a enseigné au Conservatoire National de Région de Marseille et se consacre aujourd'hui à faire connaître la çana'a et le Malûf (musique arabo-andalouse d'Alger et de Constantine) dans leur plus pure tradition.


Théâtre : Jacoby et Liedenthal, de Hannoch Lewin

le 16 décembre 1997 au Petit Théâtre, 4 rue Pierre Duclot

Hanoch Levine est le plus joué des auteurs dramatiques israéliens. Ses pièces sont drôles, acides et fantaisistes. C'est la société israélienne qui inspire ses textes.
Jacobi et Leidenthal
représente de manière atypique un couple à trois, mais ce n'est pas le couple à trois des pièces de boulevard. C'est l'égoïsme de la nature humaine qui est ici décrit par Hanoch Lévine. Chacun doit piétiner l'autre pour se sentir quelqu'un.
Cette pièce contient plusieurs séquences chantées.
Jacobi et Leidenthal sera présentée dans une mise en scène simplifiée.

Les Acteurs du Théâtre en l'Air de Strasbourg

Rafaël Goldwaser : après des études universitaires théâtrales en Israël, il y débute sa carrière de comédien dans des théâtres nationaux. Il vient en France pour y parfaire sa formation. Pionnier du renouveau du théâtre Yiddish à Strasbourg, il n'est pas un inconnu pour le public Grenoblois auquel il a présenté Tonton Arthur, et S'Brent en 1996.
Richard Doust, pianiste, compositeur et improvisateur, trompettiste, chanteur : après des études classiques, il fait ses classes se jazz au Conservatoire National de Région de Strasbourg. Polyglotte, il développe des spectacles de chant dans une dizaine de langues.
Astrid Ruff : d'abord la danse classique. Puis la guitare classique. Puis des études de Lettres Modernes à Strasbourg. Puis le chant. D'abord lyrique, et puis de moins en moins lyrique, puis plus lyrique du tout : Le cabaret, la comédie musicale, la chanson. Et puis le théâtre, jeu et mise en scène, nombreux spectacles et comédies musicales.

Coopérations

  • Université Pierre Mendès France
  • Université Stendhal
  • Bibliothèques de Grenoble
  • CREARC
  • ODTI
  • ALIF

Remerciements

  • Ville de Grenoble
  • Conseil Général de l'Isère
  • Communautés Européennes
  • Ambassade d'Israël
  • CIIP
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Brèves

Notre tradition

Il y a longtemps, dans une synagogue d'Odessa avait lieu un service religieux.
La moitié des présents s'est mise debout, et l'autre moitié est restée assise.
Les assis ont commencé à réclamer que les autres se rassoient, et ceux qui étaient debout ont réclamé que les autres suivent leur exemple...
Le rabbin, qui ne savait pas quoi faire, décida de s'adresser au fondateur de la synagogue, le vieux Moïché. Il invita un représentant de chaque fraction, et ils allèrent tous chez Moïché pour lui demander conseil.
Le représentant des "debout" demanda :
- Être debout pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le représentant des "assis", tout content, demanda :
- Alors, se tenir assis pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le rabbin, perplexe, dit :
- Mais... pendant le service, une moitié se met debout et l'autre reste assise, et les querelles s'ensuivent...
- Voilà! - dit le vieux Moïché. - Ça, c'est notre tradition !