Maître Boulanger : René Cassin, artisan de la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme

jeudi 4 décembre 2008 à 18h15

A la Maison de l'Avocat, 45 rue Pierre Sémard, Grenoble (Entrée libre)
Accès Tram Ligne B, arrêt Palais de Justice

René Cassin

A l'invitation de :

  • Cercle Bernard Lazare - Grenoble
  • Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère - Maison des Droits de l'Homme
  • Ligue de Droits de l'Homme section de Grenoble
  • Ordre des Avocats au Barreau de Grenoble

et avec le soutien de :

La Ligue de Défense des Droits de l'Homme en Iran

Avec nos remerciements :

  • à la Ville de Grenoble
  • au Conseil Général de l'Isère


Texte de la conférence de Maître Boulanger


René Cassin

Le texte qui suit est emprunté au site du ministère des Affaires Etrangères, mais n'est plus accessible sur ce site "http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/article-imprim.php3?id_article=32590"

« Il n'y aura pas de paix sur cette planète tant que les droits de l'Homme seront violés en quelque partie du monde »,

dira le juriste français René Cassin à l'annonce de son prix Nobel de la paix en 1968. A travers lui, l'apport essentiel de la France aura résidé dans l'humanité et l'universalité de ce texte historique.

C'est à Paris, au palais de Chaillot, que l'Assemblée générale des Nations unies vota, le 10 décembre 1948,
la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.
Ce fait n'est pas indifférent. Le monde rendait ainsi hommage à la « patrie des droits de l'Homme » et aux efforts qu'elle avait accomplis, en grande partie grâce à l'action de René Cassin, dans l'élaboration d'un texte qui, après les crimes de l'Allemagne nazie, devait permettre à l'humanité de se ressaisir autour de quelques concepts fondamentaux rassemblés dans le « premier manifeste (...), le premier mouvement d'ordre éthique que l'humanité organisée ait jamais adopté [1] ».

L'idée que le salut de l'humanité est dans le respect et la protection des droits de l'Homme avait déjà été énoncée dès la fin du XVIIe siècle en Angleterre (Habeas Corpus, Bill of Rights) et aussi en 1776 aux Etats-Unis à l'occasion de la Déclaration d'indépendance. Mais alors que la Déclaration américaine exprime avant tout une volonté de décolonisation et d'indépendance nationale, la Déclaration française de 1789 comporte une dimension plus universelle puisqu'elle propose non pas de libérer les Français d'une puissance étrangère, mais l'être humain lui-même de toute servitude et en particulier le citoyen français de l'absolutisme.

Après les terribles massacres de la Première Guerre mondiale, l'humanité avait certes tenté de s'organiser une bonne fois pour toutes. Pour atteindre à une paix définitive, pensait-on, il suffirait de rogner les griffes du pangermanisme, de faire payer à l'Allemagne les réparations des dommages de guerre et d'instituer des accords internationaux garantis par une Société de nations créée à cet effet.

Mais cette paix contractuelle, seulement signée entre gouvernements éphémères et non pas entre peuples, « garantie » par une organisation dénuée de réels pouvoirs d'intervention, dont l'universalité laissait grandement à désirer (soucieux de sauvegarder leur neutralité fondée sur le respect d'un protectionnisme sourcilleux, les Etats-Unis avaient en effet renoncé à en faire partie), et qui laissait intact la doctrine de la prééminence de la souveraineté des Etats, se révéla incapable de résister aux coups de boutoir des totalitarismes naissants. La mise en oeuvre par ces derniers de politiques d'expansion et de conquête, la promulgation, particulièrement dans l'Allemagne nazie, des lois racistes et antisémites, obligeaient à penser que si par malheur une autre guerre mondiale devait éclater, ce serait une guerre qu'il faudrait mener non seulement contre le même impérialisme, mais aussi contre des doctrines viscéralement opposées à la démocratie et à l'universalité des droits de l'Homme.

La conception française en héritage

La Déclaration de 1948 s'inscrit dans le droit fil de celle de 1789, dont les principes les plus universels (liberté, égalité, fraternité) seront, grâce à René Cassin, conservés dans l'article premier du texte de 1948 : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »

De même, la Déclaration de 1789 proclamait que « l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'Homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements ». Ce principe fondateur sera presque textuellement repris dans le texte de 1948, qui précise que « la méconnaissance et le mépris des droits de l'Homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l'humanité... ».

Le rôle pilote d'Eleanor Roosevelt

L'influence de la présidente de la Commission, Eleanor Roosevelt, fut d'une autre nature. Cette femme extrêmement cultivée, qui pour la plus grande satisfaction de René Cassin parlait admirablement le français, fut l'alliée objective de ce dernier pour en imposer l'utilisation officielle au même titre que l'anglais. Elle réussit à introdruire des principes en faveur de l'égalité homme-femme au cours des travaux (avec notamment la notion pionnière de « à travail égal, salaire égal »), mais aussi à donner au texte, grâce à son esprit de synthèse, à son sens des réalités, sa puissance concrète et sa lisibilité...

Maître Gérard Boulanger

Avocat au barreau de Bordeaux depuis trente ans, Gérard Boulanger est également président de la Ligue des Droits de l'Homme de Gironde, ancien président du Syndicat des avocats de France, fondateur et président d'honneur de la confédération Avocats européens démocrates.

Il a publié trois ouvrages de référence sur Maurice Papon :

  • Maurice Papon : un technocrate français dans la collaboration (Seuil, 1993),
  • Papon, un intrus dans la République (Seuil, 1997) et
  • Plaidoyer pour quelques Juifs obscurs victimes de Monsieur Papon (Calmann-Lévy, 2005)

En 2006 est paru Mort la gueuse ! chez Calmann-Lévy.

14 juin 1940. L'armée allemande occupe Paris. Le gouvernement français s'est replié à Bordeaux, alors submergée de réfugiés. Une République exsangue, assaillie de toutes parts, y cédera sous les assauts de ceux-là même qui étaient censés l'incarner et la défendre. Son agonie est brève : en trois jours les 15, 16 et 17 juin , le régime tombe, victime d'un « coup d'Etat dans la défaite » sans effusion de sang qui porte le maréchal Pétain au pouvoir. Après avoir signé l'armistice, Pétain obtient les pleins pouvoirs le 10 juillet à Vichy, et en profite pour finir le 11 juillet de liquider la République.

Paradoxe suprême, ce sont les militaires Pétain, Weygand, Darlan qui veulent cesser le combat, et les civils Reynaud, Mendès-France, Mandel qui veulent le poursuivre. Les premiers auront raison des seconds, animés par une détermination puisant sa force dans une haine viscérale de la République et dans la peur bleue que leur a inspirée le Front populaire. Et ce sont les responsables de la défaite militaire qui en seront les premiers bénéficiaires politiques.

Après quatorze ans de recherches, Gérard Boulanger nous livre le récit captivant, heure par heure, des complots, manoeuvres, trahisons, alliances contre nature et coups de force qui scellèrent le destin de la « Gueuse » surnom que les factieux donnaient à la République. Instants d'histoire croqués sur le vif, dialogues restitués, anecdotes tragiques ou cocasses, portraits sans fard des protagonistes, analyse très fine des tenants et des aboutissants politiques et géopolitiques : on est transporté dans le Bordeaux de la défaite et de l'exode, au coeur d'un pouvoir déliquescent qui vit ses dernières heures.

En 2007, il publie Le Juif Mendès France

Nous savons que Pierre Mendès France était juif, et qu'il fut victime sa vie durant d'attaques antisémites incessantes. Ce que l'on sait moins, c'est qu'il était passionné de ses origines, et qu'il a constitué un fonds d'archives impressionnant retraçant la généalogie de sa famille.

En s'appuyant sur les archives mises à sa disposition par Michel, le fils de Pierre Mendès France, Gérard Boulanger restitue ici cette vaste fresque traversant trois pays et quatre siècles, avec un fil conducteur : la persécution des Juifs ou de ceux qui étaient soupçonnés de l'être. Le racisme moderne est né à Tolède en 1449 avec la traque, par l'Inquisition, des catholiques ayant du « sang impur », c'est-à-dire un converti parmi leurs ancêtres.

Plus tard, au Portugal, un certain Luis Mendes de França, catholique fervent, sera dénoncé comme « nouveau chrétien ». Il devra dénoncer sa famille pour échapper à l'estrapade, avant de s'exiler en France. Ainsi naît à Bordeaux en 1683 la lignée des Mendès France, judaïsée par réaction à la persécution de l'Inquisition.

Deux siècles et demi plus tard, Pierre Mendès France, homme politique démocrate et patriote au-dessus de tout soupçon, se voit, comme Léon Blum, accuser de n'avoir « pas assez de terre française à la semelle de ses souliers », arrêter et jeter en prison sous l'Occupation.

En relatant une histoire familiale marquée par la persécution, ce livre montre la genèse et la persistance d'une névrose européenne et éclaire, à rebours, la vie de cet homme d'exception qu'était Pierre Mendès France.

Actuellement, Gérard Boulanger travaille sur René Cassin

Haut de page

Brèves

Notre tradition

Il y a longtemps, dans une synagogue d'Odessa avait lieu un service religieux.
La moitié des présents s'est mise debout, et l'autre moitié est restée assise.
Les assis ont commencé à réclamer que les autres se rassoient, et ceux qui étaient debout ont réclamé que les autres suivent leur exemple...
Le rabbin, qui ne savait pas quoi faire, décida de s'adresser au fondateur de la synagogue, le vieux Moïché. Il invita un représentant de chaque fraction, et ils allèrent tous chez Moïché pour lui demander conseil.
Le représentant des "debout" demanda :
- Être debout pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le représentant des "assis", tout content, demanda :
- Alors, se tenir assis pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le rabbin, perplexe, dit :
- Mais... pendant le service, une moitié se met debout et l'autre reste assise, et les querelles s'ensuivent...
- Voilà! - dit le vieux Moïché. - Ça, c'est notre tradition !