Michel Dreyfus : L'antisémitisme à gauche : mythe ou réalité ?

Conférence, le mercredi 12 mai à 20h15 à la Maison des Associations (6, rue Berthe de Boissieux, Grenoble)

organisée par Les Amis du Monde Diplomatique, en partenariat avec
- le Cercle Bernard Lazare - Grenoble et
- l'Association pour un Judaïsme Pluraliste

L'antisémitisme à gauche. Histoire d'un paradoxe, 1830-2009, Paris, Editions La Découverte, 2009, 350 p.

Depuis le début des années 2000, en lien avec les événements du Proche-Orient, on a vu se développer en France l'idée selon laquelle la gauche serait la principale responsable de la recrudescence d'actes antisémites. Cette vision des choses est tout à fait excessive et injustifiée mais elle traduit un certain malaise. Existe-t-il ou a-t-il existé un antisémitisme spécifique à la gauche ?

Longtemps négligée par les historiens, cette question délicate est traitée pour la première fois de façon extrêmement documentée par Michel Dreyfus à travers la description des positions de la gauche française vis-à-vis de l'antisémitisme durant deux siècles. Des débuts de la révolution industrielle à nos jours, toutes les composantes de la gauche tiennent des propos antisémites mais ce, sous des formes très différentes dans l'espace et dans le temps. Cet antisémitisme s'organise selon cinq thèmes qui se succèdent grosso modo sur le plan chronologique.

- Il apparaît tout d'abord sous la forme d'un antisémitisme économique associant les Juifs au capitalisme qui est exprimé par de nombreux socialistes utopiques (Fourier, Proud'hon).
- Puis, au tournant des années 1880, se développe un antisémitisme racial et xénophobe fort répandu, y compris à gauche.
- Mais l'Affaire Dreyfus représente un tournant fondamental dans la mesure où désormais l'antisémitisme n'est plus revendiqué ouvertement dans les rangs de la gauche. Il n'en disparaît pas pour autant et on le voit encore insidieusement dans l'entre-deux guerres contre Léon Blum, à la SFIO, chez les pacifistes, parfois au sein du Parti communiste.
- Une quatrième forme très minoritaire se manifeste dans les courants révisionnistes et négationnistes, autour de Paul Rassinier, la librairie La Vieille Taupe et Roger Garaudy.
- Enfin, la question se pose de savoir si certaines critiques à l'égard d'Israël ne sont pas non plus entachées d'antisémitisme.

A travers cette plongée historique approfondie, cette réflexion espère aider la gauche à se confronter à cette question délicate et douloureuse, non pour battre sa coulpe dans une autoflagellation masochiste, mais pour rester vigilante contre un danger toujours possible.

Michel Dreyfus

Qui est Michel Dreyfus ?

Michel Deryfus est un historien français spécialiste de l'histoire du mouvement ouvrier, notamment du syndicalisme et de la mutualité. Il est directeur de recherche au CNRS au Centre d'Histoire Sociale du XXe siècle à l'Université de Paris I.

On trouvera sur Regards une interview de Michel Dreyfus qui détaille sa position



Brèves

Notre tradition

Il y a longtemps, dans une synagogue d'Odessa avait lieu un service religieux.
La moitié des présents s'est mise debout, et l'autre moitié est restée assise.
Les assis ont commencé à réclamer que les autres se rassoient, et ceux qui étaient debout ont réclamé que les autres suivent leur exemple...
Le rabbin, qui ne savait pas quoi faire, décida de s'adresser au fondateur de la synagogue, le vieux Moïché. Il invita un représentant de chaque fraction, et ils allèrent tous chez Moïché pour lui demander conseil.
Le représentant des "debout" demanda :
- Être debout pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le représentant des "assis", tout content, demanda :
- Alors, se tenir assis pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le rabbin, perplexe, dit :
- Mais... pendant le service, une moitié se met debout et l'autre reste assise, et les querelles s'ensuivent...
- Voilà! - dit le vieux Moïché. - Ça, c'est notre tradition !