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diplomate (elle fut porte-parole de l’ambassade d’Israël à Paris, consul général à New York et ambassadrice à Lisbonne), puis députée jusqu’en 2009, elle est la secrétaire aux Relations internationales du parti travailliste israélien.
Codirecteur du forum des ONG palestiniennes et israéliennes pour la Paix et président de Panorama, organisation pour le développement de la démocratie, il est membre de la rédaction de la radio All for Peace et du Palestine-Israel Journal. Il a fait partie, avec Yasser Abed Rabbo, de l’équipe palestinienne en charge de la rédaction des accords de Genève.
A l’initiative du Cercle Bernard Lazare - Grenoble
En partenariat avec
La Ville de Grenoble
Le Centre Culturel Juif de Grenoble
L’Association pour un Judaïsme Pluraliste
Bonjour !
Je viens de redécouvrir un livre, « Analyse d’un miracle », un texte d’Arthur Koestler, cet écrivain génial, fort célèbre pour le roman paru en 1940 « le zéro et l’infini », qui fut, je crois, le premier roman, avant bien d’autres, à traiter vraiment du totalitarisme soviétique.
Koestler, au départ communiste, qui a participé à nombre d’aventures du 20ème siècle, le sionisme, la guerre d’Espagne, la Russie, Koestler donc s’est fâché avec tout le monde, notamment avec Sartre et Beauvoir, du fait de ses positions très éclairées sur Staline et le goulag, en pleine guerre froide.
Il écrivit également un livre important fort connu, « la tour d’Ezra » paru en 1926, qui racontait l’épopée des kiboutzniks, premiers colons juifs en terre d’Israël, la Palestine de l’époque, les juifs du Yichouv étaient nommés alors dans toutes les instances internationales, faut-il le rappeler, « les palestiniens ».
Donc dans « Analyse d’un miracle », , citons ce passage concernant la guerre d’indépendance de 1948 :
« C’est sans doute la guerre la plus invraisemblable de l’histoire moderne. La petite voix de cet Etat lilliputien est noyée par ses échos, et ses échos remplissent le reste du monde. Les évènements d’ici sont minuscules mais projettent une ombre immense. L’antiquité envahit les reportages du front : d’un côté la sainte Djihad et les Mille et une Nuits ; de l’autre, la Bible et Judas Macchabée. Ces collines, ces oueds où aboient les mitraillettes, ont vu s’arrêter le soleil au temps de Josué (…) . »
Plus de 60 ans après la parution du livre, force est de reconnaitre qu’Israël a plutôt bien résisté au temps, plutôt moins bien à la haine. Ce qui était considéré par Koestler comme un caprice de l’histoire, est devenu une réalité vivante et brûlante dont les braises des conflits armés ou diplomatiques n’ont pas fini de s’éteindre.
Claude Lanzmann, écrivain et cinéaste (réalisateur ultérieur de Choa) avait réalisé en 1972 un film intitulé « Pourquoi Israël ? » qui donnait la parole aux Israéliens ordinaires, dont des jeunes soldats basés sur le canal de Suez, dont certains, que j’ai connus, sont tombés un an après, lors de la guerre du kippour.
Cette question « pourquoi » peut désormais être posée pour les palestiniens. Pourquoi un Etat palestinien ? A quoi ça sert ? Dans quelle finalité ? Pour quel peuple ? Et question : Ce peuple palestinien existe-t-il ? Sans Israël, parlerait-on d’un peuple palestinien ? Cette question « pourquoi » apparait cependant mal posée.
Elle revient de façon étrange à la une de l’actualité avec les déclarations incroyables du candidat républicain Newt Gingricht qui considère que le peuple palestinien est une pure invention.
Cette polémique du « pourquoi » a-t-elle encore un sens à l’heure où la nécessité se fait sentir de façon évidente qu’il faut deux Etats pour deux peuples ? Et qu’on ne s’en sortira pas autrement ? Comment donc sortir de cet imbroglio, par quelle voie ? Et n’est-il pas déjà trop tard ?
Grenoble va avoir l’honneur cette semaine d’esquisser un semblant de réponse à ces questions urgentes et fondamentales pour l’avenir.
Deux personnalités politiques, invitées par le cercle Bernard Lazare , vont aborder le problème ce mercredi 1er février dans les salons de l’hôtel de ville de Grenoble.
Mais la question « pourquoi « est posée différemment, de façon très intelligente, par Edith et Daniel Aberdam du Cercle Bernard Lazare en deux mots :
Pour - quoi (en deux mots) un Etat palestinien ? Il ne s’agit plus de discuter de savoir si cet Etat doit exister, la question semble bel et bien dépassée aujourd’hui mais de défendre un point de vue qui parait vital aujourd’hui : Pour-quoi un Etat palestinien ? Pour quoi faire la paix ? Comment faire la paix ? Pour quelle nécessité vitale ? Et cette question « pour-quoi » n’est pas destinée seulement, aux palestiniens, aux médias et aux instances internationales.
Cette question « pour-quoi » est destinée surtout pour Israël, Israël, l’Etat juif ou l’Etat des juifs, peu importe, Israël qui a désespérément besoin que l’Etat de Palestine existe et soit reconnu dans le concert des nations avant qu’il ne soit hélas trop tard, avant qu’il n’y ait plus de possibilité pour deux Etats pour deux peuples.
Donc je vous invite à venir nombreux ce mercredi 1er février à 19 H dans les salons de l’Hôtel de Ville de Grenoble pour écouter et débattre avec Colette Avital, secrétaire aux relations internationales du parti travailliste israélien et Saman Koury, palestinien, homme très respectable, homme de paix qu’on a déjà reçu à Grenoble, et qui fut l’un des promoteurs de la proposition de Genève.
Cette manifestation est organisée sous l’égide du Cercle Bernard Lazare de Grenoble, en partenariat avec La Ville de Grenoble, Le Centre Culturel Juif de Grenoble et L’Association pour un Judaïsme Pluraliste.
A bientôt !
Bonjour !
Je voudrais vous faire entendre quelques phrases d’un discours entendu récemment à Grenoble, dans la grande salle de la mairie.
Je cite de mémoire :
« L’Etat d’ Israël est une nécessité pour le peuple juif. C’est une nécessité pour le peuple palestinien. Il est né-ces-saire que les deux Etats, Israël et la Palestine, aient des frontières reconnues. La frontière de 1948 à 1967 est la frontière reconnue internationalement pour Israël. La peur des israéliens pour le retour des Palestiniens dans les maisons d’avant 1948 n’est pas fondée. Et ces maisons n’existent sans doute plus pour la plupart. Il faut que les réfugiés rentrent chez eux en Palestine, dans le futur Etat de Palestine. Des indemnités seront nécessaires. Il faut que les deux Etats coexistent l’un à côté de l’autres, la Palestine à côté d’Israël. Le droit au retour des Palestiniens est le droit au retour à la vie, pour une vie normale, une vie d’hommes et de femmes qu’on ne qualifierait plus seulement du vocable de « réfugiés ». L’Etat de Palestine sera à côté d’Israël, pas à la place. D’ailleurs, qui a reconnu l’autonomie de la Palestine ? Menahem Begin avec Sadate au moment de la paix avec l’Egypte, lors des accords intérimaires, alors que Golda Meir était résolument contre. On ne peut pas attendre le 22ème siècle pour la paix. Sinon les extrémistes religieux vont finir par prendre le dessus. »
Qui parle ainsi ? Le mouvement Chalom Archav, la Paix maintenant ? Sarkozy ? Chirac ? Hollande ? Alain Juppé ? Jimmy Carter ? Bill Clinton ?
Pas du tout !
Celui qui parle ainsi est un leader palestinien, Saman Khoury, dont j’avais annoncé la visite à Grenoble à radio Kol Hachalom le 1er février dernier.
Visite qu’il a faite conjointement avec une femme, Colette Avital, un autre leader, mais d’un parti israélien, le parti travailliste. Colette Avital qui a cédé, en son temps, sa place à Shimon Peres pour la présidence de l’Etat d’Israël, c’est dire le poids moral et politique de cette personnalité d’exception.
Tous deux sont venus à Grenoble à l’invitation du Cercle Bernard Lazare, de la Mairie de Grenoble, du Centre Culturel Juif et de l’association pour un Judaïsme Pluraliste.
Je m’en tiens dans ce billet aux paroles que l’on a pu entendre des uns et des autres le plus objectivement possible. A vous de juger.
L’adjoint au maire de Grenoble, Monsieur de Longevialle, souhaita la bienvenue aux conférenciers, devant un public très nombreux.
Jean-Luc Médina, ancien président du Crif grenoblois, était le modérateur de cette rencontre. Il insista sur le nécessaire espoir toujours présent dans le règlement du conflit et la nécessité d’avancer et de mettre fin au statu quo actuel qui ne saurait durer ad vitam aeternam.
Saman Khoury est, avec Yasser Abed Rabo et des homologues israéliens, un des auteurs du projet de Genève, qui comporte plus de 500 pages pour, comme on dit, dénicher le diable dans les détails. Selon Saman Khoury et Colette Avital, chaque élément de discorde trouverait dans le document élaboré à Genève, une solution, à condition que chaque partie ait le courage d’adopter les mesures préconisées.
Salman Khoury était venu voici huit ans déjà avec des homologues Israéliens et a gardé la même ligne toutes ces années. Selon lui, 75 % des palestiniens veulent trouver un accord pour deux Etats avec Israël. Le Hamas, selon ses dires, serait minoritaire si des élections avaient lieu aujourd’hui chez les palestiniens.
Bien sûr on peut et on a le droit d’être sceptique mais entendre un représentant palestinien de premier plan parler ainsi c’est tout de même réconfortant !
Colette Avital indique que des échanges de territoires permettraient à 80 % des habitants des implantations de rester en Cisjordanie (ou Judée Samarie comme on voudra). Saman Khoury ne l’a pas démenti un seul instant. Selon Avital, seuls 20 % des petites implantations seraient appelées à être démantelées, sachant que sur ces 20 % un grand nombre de juifs le sont essentiellement pour des raisons économiques. Il faudra surtout selon elle s’occuper de ces personnes pour les reloger dans des conditions décentes et acceptables, ce qui n’a pas été le cas pour les habitants juifs de la bande de Gaza. Erreur majeure à ne pas reproduire.
Colette Avital, ancienne ambassadrice de haut vol, a porté l’étoile jaune dans son enfance. Elle a fermement réagi à des interpellations de la salle faites par des pro-palestiniens français qui utilisaient le terme « épuration ethnique » pour évoquer la guerre d’indépendance. Elle leur a quasiment claqué le bec et a mis fin à leurs propos outranciers.
De son côté, Salman Khoury a tout aussi fermement réagi en tenant des paroles de paix sans entrer dans une quelconque polémique souhaitée par certains participants au débat qui avaient la prétention de donner des leçons d’histoire aux deux conférenciers, solidaires pour parler d’une seule et même voix de la paix envisageable entre les deux peuples.
A la question : pourquoi Israël ? Colette Avital réplique « pourquoi pas ? »
A la question : pourquoi la Palestine ? Colette répond : Et pourquoi la Norvège ?
Selon elle, ce conflit qui est vieux de 100 ans n’a que trop duré. On connait d’après elle tous les paramètres et toutes les solutions sur tous les points de discorde mais il faut du courage pour les appliquer.
75 % des israéliens sont d’accord pour un état palestinien Mais la plupart pensent que la paix n’est pas possible à l’heure actuelle. La peur mais aussi certaines manœuvres politiciennes dues au système électoral israélien seraient selon elle les principaux obstacles à la paix.
Avant, le mot « Etat palestinien » signifiait pour les Juifs un danger existentiel, aujourd’hui c’est une nécessité pour de simples raisons démographiques et pour qu’Israël demeure une démocratie. Un Etat palestinien est nécessaire pour respecter le droit à l’autodétermination des palestiniens.
Colette ajoute : « Nos deux peuples sont faits pour s’entendre, il existe de réelles affinités entre nous. On connait les solutions, les frontières, les capitales des deux Etats, soit deux capitales à Jérusalem. Tous les israéliens veulent la paix mais peu sont prêts à en payer le prix. Il faudra du courage et il faudra faire des concessions. Israël, puissance militaire, économique, culturelle, scientifique et technologique de premier plan peut faire la paix pendant qu’il en est encore temps. Et surtout un Etat de Palestine sera obligé de se conformer au droit international et ne pourra pas se comporter en Etat hors la loi.
C’était un beau moment, un moment parfois émouvant que nous avons passé ensemble, au-delà des doutes légitimes qu’on peut avoir. On est sorti de la langue de bois et des discours de haine et de défiance pendant ce très beau moment, moment d’espoir, de rêve et sans doute, il faut l’espérer, de vérité. Le public dans la salle était comme subjugué par cette ouverture éclatante dans un ciel obscur. Mais, par-delà la politique, on sentait une sorte de fraternité chaleureuse entre les représentants de deux peuples encore adversaires appelés un jour, il le faudra bien, à s’entendre.
Ce fut une belle parenthèse, un rêve éveillé, qui ne demande qu’à se concrétiser. Etions-nous naïfs en cet instant privilégié ? Seul l’avenir des hommes nous le dira.
A bientôt
Brèves
Il y a longtemps, dans une synagogue d'Odessa avait lieu un service religieux.
La moitié des présents s'est mise debout, et l'autre moitié est restée assise.
Les assis ont commencé à réclamer que les autres se rassoient,
et ceux qui étaient debout ont réclamé que les autres suivent leur exemple...
Le rabbin, qui ne savait pas quoi faire, décida de s'adresser au fondateur
de la synagogue, le vieux Moïché.
Il invita un représentant de chaque fraction, et ils allèrent tous chez Moïché
pour lui demander conseil.
Le représentant des "debout" demanda :
- Être debout pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le représentant des "assis", tout content, demanda :
- Alors, se tenir assis pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le rabbin, perplexe, dit :
- Mais... pendant le service, une moitié se met debout et l'autre reste assise,
et les querelles s'ensuivent...
- Voilà! - dit le vieux Moïché. - Ça, c'est notre tradition !