En liaison avec l'exposition
Un siècle d'art à Berlin - la collection de la Berlinische Galerie au Musée de Grenoble
Mercredi 22 & jeudi 23 septembre 1999
Maison des Langues & des Cultures - Université Stendhal
Domaine Universitaire, Saint Martin d'Hères.
Entrée libre
par les Editions L'Harmattan, Paris, septembre 2000, ISBN 2-7384-9586-9
collection La Philosophie en commun.
Image de couverture : Lotte Lenya, chanteuse et actrice, épouse de Kurt Weill
photographiée vers 1928 par Lotte Jacobi.
Permission Archives Lotte Jacobi, University of New Hampshire
Jeudi 23 septembre 1999 à 20h30
Auditorium du Musée de Grenoble.
Entrée Libre
Le Musée de Grenoble présente, du mois de juin au mois de novembre 1999, la collection de la Berlinische Galerie, fondée en 1975 sous l'impulsion de Eberhard Roters, en vue de retracer l'histoire artistique, riche, complexe et parfois douloureuse de Berlin dans le dernier siècle. Cette collection est exceptionnelle par la richesse des oeuvres d'art moderne qu'elle offre (peinture, sculpture, architecture, photographies, archives), et par sa valeur historique, car elle est le témoin, dans le domaine artistique, d'une période qui engendra l'explosion de barbarie la plus violente, la plus incompréhensible de l'humanité en ce siècle.
A l'occasion de cet événement important, la Ville de Grenoble
a souhaité " fédérer les initiatives culturelles estivales ".
Dans cette perspective, le Cercle Bernard Lazare organise, avec le concours
des universités Pierre Mendès France et Stendhal, un colloque sur le thème du
dialogue judéo-allemand dans la culture allemande du premier tiers du XXe siècle.
Une pensée de la modernité se développe et s'impose à Vienne, à Berlin, dans toute l'Europe, en ce début de siècle. Après la première guerre mondiale, Berlin devient le carrefour de toutes les avant-gardes européennes. Pour cela, et aussi pour sa politisation et sa révolte, Berlin fut la ville la plus détestée des nazis. Berlin fut le dernier refuge de la résistance culturelle allemande. Les intellectuels juifs se sont impliqués très activement dans ce mouvement.
" La pensée judéo-allemande rayonne, dans l'histoire du XXe siècle, comme une sorte d'âge d'or de la culture, qui continue à jeter sa lumière sur notre époque. Et pourtant, elle apparaît aujourd'hui comme un continent englouti de l'histoire "... "L'entrée des juifs dans la culture allemande a souvent été appréhendée par le concept de symbiose ".... " Mais, entrés dans la culture allemande, les juifs se retrouvèrent presque toujours seuls, sans interlocuteurs prêts à les accueillir et à dialoguer avec eux ou, tout au moins, à les accueillir et à dialoguer avec eux en tant que juifs " (1).
Dans le contexte de l'exposition de la collection de la Berlinische Galerie, nous souhaitons questionner cet art - littérature, musique, cinéma - qui fut bien souvent révolutionnaire, et cette pensée originale, qui, par delà sa germanité, laisse volontairement ou involontairement transparaître des valeurs juives. Ce continent englouti ne peut nous laisser indifférents, à l'heure où la mémoire allemande retrouvée comporte encore bien des zones d'ombre, à l'heure où les quêtes identitaires et nationales conduisent au mépris ou à la purification ethnique.
(1) Enzo Traverso, Les juifs et l'Allemagne, de la symbiose judéo-allemande à la mémoire d'Auschwitz, éditions La Découverte, Paris, 1992.
Mercredi 22 & jeudi 23 septembre 1999
Maison des Langues et des Cultures, Université Stendhal
Domaine Universitaire Saint Martin d'Hères.
9h00 - 10h00 : ouverture du colloque.
Modérateur de la matinée : Michèle Ganem-Gumpel.
10h00 - 10h25 : Rita Thalmann, professeur, Université Paris 7 - Denis Diderot, La démocratie de Weimar, un espoir déçu
10h25 - 11h15 : Pause
11h15 - 12h00 : Jean Pierre Faye, philosophe et poète, Les fils de Heine au XXe siècle.
12h00 - 14h15 : déjeuner.
Modérateur de l'après-midi : Janine Chêne.
14h15 - 15h00 : Claude Labrue, Secrétaire Général, Centre
de Recherche d'action Culturelle, Scène Nationale, Valence,
Le Cinéma allemand dans la république de Weimar.
15h00 - 15h25 : Pascal Huynh, musicologue, Paris,
L'antisémitisme et la musique sous la république de Weimar.
15h25 - 16h15 : Pause.
16h15 - 17h00 : Henry Cohen-Solal, psychanalyste, Jérusalem.
Martin Buber : de la nostalgie romantique à l'espérance messianique.
Modérateur de la matinée : Jacqueline Frank.
9h00 - 9h25 : Régine Pietra, professeur de philosophie, Université Pierre Mendès France, Grenoble,
Else Lasker-Schüler ou la déchirante identité judéo-allemande.
9h25 - 10h30 : Denis Charbit, professeur de Littérature à l'Université de Tel Aviv.
La symbiose judéo-allemande vue par Gershom Scholem : le coût de l'illusion.
10h30 - 10h25 : Pause.
10h25 - 11h30 : Jean Caune, professeur, Université Stendhal, Grenoble, Walter Benjamin et le messianisme juif.
11h30 - 12h00 : Débat.
12h00 - 14h00 : déjeuner.
Modérateur de l'après midi : Irène Saya.
14h00 - 14h25 : Normann Thau, Maître de Conférences, Université d'Amiens,
Arnold Zweig et la littérature allemande.
14h25 - 15h30 : Sonia Combe, historienne, Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine, Nanterre,
Victor Klemperer, un exemple a-typique ?
Accueil par un élu de la Ville de Grenoble.
Gustave Peiser, professeur, Université Pierre Mendès France, Grenoble :
Présentation et synthèse du colloque, animation de la table ronde.
Nassima Bougherara, Maître de Conférences, Université Stendhal, Grenoble,
Die Berlinische Galerie, de Berlin au Musée de Grenoble (juin-octobre 1999).
Jacob Markowicz, Souvenirs d'un lycéen berlinois.
avec la participation de :
Cocktail offert par la Ville de Grenoble
Vendredi 24 septembre 1999 à 12h30
Auditorium du Musée Grenoble.
Entrée 120 F.
La plupart des compositeurs dont les oeuvres vont être jouées et chantées pendant ce concert sont inconnus du grand public. A part Kurt Weill et Arnold Schönberg, (qui est lui-même plus reconnu que connu), presque tous, occultés par les grands interprètes de musique allemande de l'après guerre, restent peu joués, peu édités, peu enregistrés. Or, la période est celle d'un foisonnement musical et artistique, un véritable laboratoire de la modernité, où se côtoient les dernières tentatives de néo-romantisme, l'invention d'une technique de composition radicalement neuve, (le dodécaphonisme), les influences du jazz, de l'impressionnisme à la française,
Nous n'allions pas, dans notre effort de recherche pour la construction de notre programme, apporter une caution à un clivage arbitraire dans les tendances de la création musicale du lieu et de l'époque entre compositeurs juifs et non juifs, mais concourir à un travail de réhabilitation d'une partie de notre mémoire culturelle, implacablement refoulée par (et depuis ?) la barbarie nazie. Ce système n'a pas seulement imposé un seul choix à ces créateurs - la mort ou la fuite - et traité en "dégénérée" toute oeuvre non directement utilitaire ; il a mis un coup d'arrêt, au nom de l'Allemagne, à la culture allemande elle-même, qui ne pouvait, comme toute culture, avancer que grâce à sa diversité conflictuelle.
C'est donc modestement que nous levons un coin du linceul : il est temps de nous réapproprier cette part de notre mémoire, le plus gros reste à faire. Quant au programme lui-même, nous avons préféré l'option de la diversité à celle de la cohérence, le choix de donner à connaître avant celui qui valorise d'abord l'interprète. De même, l'insertion de textes récités de la grande poétesse allemande Nelly Sachs sera comme le regard d'une personne pour qui l'irréparable a été commis, qui se livre à un inlassable travail de deuil, et regarde à travers la vitre embuée ceux qui, lors, vivaient, luttaient, espéraient.
François Sikirdji.
Vendredi 24 septembre 1999, 12h30
Auditorium du Musée, Grenoble.
Accueil à partir de 12h00. Entrée 120 F :
Billeterie à la Maison du Tourisme et sur place.
Brèves
Il y a longtemps, dans une synagogue d'Odessa avait lieu un service religieux.
La moitié des présents s'est mise debout, et l'autre moitié est restée assise.
Les assis ont commencé à réclamer que les autres se rassoient,
et ceux qui étaient debout ont réclamé que les autres suivent leur exemple...
Le rabbin, qui ne savait pas quoi faire, décida de s'adresser au fondateur
de la synagogue, le vieux Moïché.
Il invita un représentant de chaque fraction, et ils allèrent tous chez Moïché
pour lui demander conseil.
Le représentant des "debout" demanda :
- Être debout pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le représentant des "assis", tout content, demanda :
- Alors, se tenir assis pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le rabbin, perplexe, dit :
- Mais... pendant le service, une moitié se met debout et l'autre reste assise,
et les querelles s'ensuivent...
- Voilà! - dit le vieux Moïché. - Ça, c'est notre tradition !