Colloque organisé par l'Alliance Israélite Universelle
le dimanche 13 octobre 2002 à Paris.
Quelques membres du Cercle Bernard Lazare - Grenoble (CBL) ont assisté, le dimanche 13 octobre 2002 au colloque organisé par l'Alliance Israélite Universelle : Le sionisme face à ses détracteurs .
Nous vous proposons ici un résumé des interventions de cette journée, accompagné des réflexions que ces interventions nous inspirent.
Mais commençons d'abord par expliquer notre état d'esprit de militants et d'auditeurs. Nous avons d'abord été frappés par l'affluence énorme, due, certes, à la présence de ténors, mais aussi à l'inquiétude et au désarroi devant la déferlante anti-israélienne qui atteint aussi la communauté juive. Le 21 avril 2002, les Français ont exprimé leur rejet d'une politique aveugle aux difficultés d'une population qui, ici ou là, n'est plus défendue par la République. Cet avertissement n'a pas été compris par ceux-là mêmes qui prétendent défendre les Droits de l'Homme. Les manifestations contre les agressions subies par les Juifs ont été qualifiées de réactions communautaristes. Le CBL est, et a toujours été, sioniste. Pour nous, cet adjectif n'est pas une injure, mais l'expression d'une identité et la reconnaissance d'une utopie réussie, même si nos opinions politiques ne sont pas toujours, loin de là, alignées sur la politique des dirigeants israéliens.
Schmuel Trigano introduit le colloque en dénonçant un discours antisioniste stupéfiant. Même si la légalité d'Israël n'est pas encore contestée, sa légitimité l'est. Israël est mis au ban intellectuellement (en usant des termes colonialisme, apartheid - qui sont inappropriés), avant de l'être physiquement (boycott). Cette détraction vise directement les Juifs, qu'ils soient solidaires ou non de l'Etat d'Israël.
Mais un débat virulent existe également à l'intérieur du monde juif : post-sionistes en Israël, antisionistes ici rejoignent parfois les discours d'un Occident qui dénonce le communautarisme, et d'un arabo-islamisme qui n'accepte que les juifs dhimmis.
Il s'agit donc ici, pour les Juifs de la diaspora, d'abandonner les oripeaux du " paria ", de réparer les défaillances de l'émancipation qui les rejette en tant que peuple, et de maîtriser leur histoire à venir.
Notre commentaire : Faut-il enfermer tous les détracteurs d'Israël dans le camp des antisémites ? Sommes-nous uniquement entourés d'ennemis ? Nous pensons qu'il est nécessaire de s'interroger sur la politique d'occupation menée dans les "Territoires" et de ses conséquences sur l'avenir d'Israël.
Jacques Tarnero évoque l'idéologie de l'antisionisme, à travers Saramago, Toni Negri, Dario Fo, assimilant les israéliens aux nazis.
Il distingue trois étapes dans la constitution de l'identité nationale juive :
Il rappelle que les Juifs ont toutes les caractéristiques d'un peuple, destin, langue, terre, humour et cuisine, et du même coup, la légitimité de l'existence en tant que peuple. Mais il s'interroge : comment est-on passé de la situation d'après guerre où les Juifs étaient " le bien " et les nazis " le mal " à l'équation " Juifs = nazis " ? Comment la victime juive se réincarne-t-elle dans l'Algérien ou le Palestinien ? Un moment clé de cette transition serait 1968, où les brigades rouges, terroristes d'extrême gauche, séparent, à Entebbe, les otages juifs des autres otages qu'ils libèrent. Joshka Fisher, présent à Tel Aviv lors de l'attentat du Dolphinarium le 1er juin 2001, saisit l'occasion pour déclarer qu'il avait enfin compris, au moment d'Entebbe, que l'Allemagne de sa jeunesse avait reproduit le schéma nazi.
Jacques Tarnéro évoque ensuite quelques exemples à l'appui de sa thèse, selon laquelle Israël, loin d'être assimilable au nazisme, continue d'en être la victime.
Notre commentaire : Un bon rappel pour ceux qui oublient vite. Toutefois, les Occidentaux n'ont pas cautionné Durban, et les Africains ont également dénoncé le racisme dont ils ont été victimes de la part des Arabes. Le 11 septembre 2001 à gommé cela des mémoires. Par ailleurs, faut-il vraiment considérer que 1968 a été une date charnière permettant d'expliquer le basculement de la gauche dans l'antisionisme ?
Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde . Georges Bensoussan fait sienne cette forte parole d'Albert Camus et dénonce les mythes qui diabolisent mais qui parfois aussi encensent le sionisme ; il se fonde sur une recherche historique rigoureuse dont son ouvrage, paru chez Fayard en février 2002 : Une histoire intellectuelle et politique du sionisme, est le témoignage.
Se contenter comme souvent d'opposer en miroir deux histoires " victimaires " ne favorise en rien l'évolution des esprits, seule condition d'une paix possible. Se contenter de revendiquer ses droits, c'est, le plus souvent, nier la souffrance de l'Autre ; ici comme ailleurs, la concurrence des victimes est déplorable. Alors qu'en réalité s'affrontent ici deux mouvements d'émancipation nationale.
Notre commentaire : Un discours fort et courageux : on peut être sioniste sans se mentir à soi-même, sans intérioriser la haine de l'autre (aux deux sens du terme). Le mythe est surtout un discours de protection illusoire contre l'agression qui ne fait en rien avancer la cause du sionisme.
Mikhaïl Bar-Zvi rappelle que le sionisme est une cause morale et spirituelle ; il évoque l'épisode biblique des " Espions " ou " explorateurs " (Nombres) qui " médisent " sur Israël : " Une Terre qui dévore ses habitants ", comme s'ils avaient eu peur de leur Amour de la Terre ; et Dieu, dans une " colère pédagogique " les contraint à l'exil, lequel est au coeur de chaque Juif et de tout homme. Israël serait donc surtout la demeure de nos origines et de notre avenir. Même si le mot " Alya " est le dernier mot de la Bible, le retour n'est pas forcément un remède à l'exil ; mais il faut utiliser sa souffrance pour construire et intégrer son destin personnel à un destin collectif. Les Juifs ont plus un " devoir " sur la Terre qu'un " droit " à la Terre. Notre commentaire : une méditation philosophico - religieuse inspirée par Emmanuel Lévinas.
Frédéric Encel brosse une histoire du droit international.
Notre commentaire : le regard du juriste est important : contrairement à ce qui est souvent affirmé, c'est bien Israël qui a respecté les décisions internationales, même lorsqu'elles lui étaient défavorables ; le Droit n'a pas le droit de décider de la définition qu'un peuple donne de lui même.
Paul Giniewski rappelle :
1. Un sondage d'opinion selon lequel la population française croit majoritairement que la Palestine était, avant l'arrivée des Juifs rescapés de la Shoah, un pays arabe souverain dont les Juifs les auraient chassés.
2. Le refus, dans la Charte de l'OLP, tant de la légalité que de la légitimité d'Israël. Et pourtant cette " détraction " n'a pas toujours existé ; il y a même, et c'est l'objet de son exposé,
Depuis le 14ème siècle, il y a eu de nombreuses de tentatives de fonder un Etat Juif : le Pape Clément VII, le Roi du Portugal, Rousseau, Le Directoire, Napoléon, Fourier, Napoléon III, H. Dunant, Lamartine, A. Smith ..., jusqu'à la Déclaration Cambon, équivalent français de la Déclaration Balfour, même si personne ne la connaît !
Plus récemment de nombreux pays reconnaissent la légitimité de la reconstruction d'un pays pour les Juifs et même sous le mandat britannique, les Arabes n'avaient que des droits civils et religieux alors que les Juifs avaient des droits politiques et nationaux. Une des tendances du nationalisme arabe a accepté le partage. Pourquoi ? Les Juifs et les Arabes avaient un intérêt commun contre les Turcs. S'ensuit une idylle authentique entre l'Emir Fayçal et Félix Frankfurter...
Lawrence d'Arabie favorise le sionisme au nom de l'intérêt de l'arabisme ! Pourquoi cette tendance a-t-elle échoué ? Le nationalisme arabe n'ayant plus besoin du nationalisme juif, il l'a laissé tomber.
La paix, conclut l'orateur, se fera quand les kalachnikovs et les ceintures d'explosifs seront dans les vitrines des Musées.
Notre commentaire : On s'attendait à tout et même, osons le dire " pire encore " ! mais pas à ces " belles histoires ", qui permettent de garder l'espoir que l'Histoire n'est pas toujours une catastrophe.
Imaginez l'histoire d'un écrivain qui acquiert une grande notoriété pour un livre dont il a en réalité tout simplement recopié de nombreux passages sur le livre d'un de ses collègues plus ancien, - livre qui, lui, n'avait pas fait le même tabac -.Le jour de la sortie de son best-seller, cet écrivain consacré va-t-il avoir envie d'inviter à son cocktail celui dont il a pillé de nombreux passages? Si l'autre veut venir à son cocktail, ça va déchaîner sa rage.
Eh bien, le best-seller, c'était le Coran. Et le livre pillé, c'était la Bible.
Cette histoire soulève le problème de l'acceptation de l'origine. Il y a une souffrance musulmane d'être forcé de haïr ceux dont on est issu. Daniel Sibony insiste sur la nécessité de replacer les trois monothéismes dans l'ordre chronologique. Le christianisme, lui, a mis vingt siècles à accepter à peu près sa paternité hébraïque. Aujourd'hui, du fait de l'incroyance, les énoncés religieux n'appartiennent plus aux seuls religieux mais redeviennent l'expression du symbolisme essentiel de l'humain. Pour un psychanalyste, un homme est un " animal symbolique " et Dieu est une question trop sérieuse pour être laissée aux seuls religieux.
La problématique de Daniel Sibony consiste à établir une analogie entre l'individu et le collectif : la découverte originelle et première de Dieu dérange ceux qui ont des problèmes d'identité et qui ne peuvent accepter d'être " l'entre-deux Père - Mère. " Daniel Sibony raconte avec jubilation l'histoire d'un patient curé qui lui a dit subitement : " vous êtes un sale Juif " , le psychanalyste étant perçu comme un obstacle à son lien direct (en tant que prêtre) avec Dieu. Il voudrait être directement issu de Dieu sans lien avec une femme, ni mère ni épouse. Or le psychanalyste a pour fonction de réconcilier l'homme avec sa mère et cette réconciliation douloureuse était rejetée par le prêtre. Il s'agit donc de rendre le psychanalyste juif responsable de cette faille.
Pour Daniel Sibony, le problème israélo-palestinien va au-delà du politique : l'islamisation du problème est une donnée plus essentielle. Une entité juive est une aberration pour le Coran où tous les personnages de la Bible deviennent musulmans. Il y a une souffrance musulmane de savoir que le Coran vient de la Bible : les Musulmans sont donc forcés de haïr les gens dont ils refusent d'être issus. Et c'est le peuple palestinien qui est sacrifié pour signifier le refus musulman des Juifs. Or, avec le sionisme, il y a réapparition des Juifs sur la scène de l'histoire, alors que les pays musulmans auparavant les supportaient en tant qu'opprimés, c'est à dire incapables de se défendre.
L'histoire pose le problème en termes politiques et non plus religieux et révèle l'usurpation musulmane de la culture juive. Avouer qu'on a volé n'est pas une chose aisée (se reporter à la petite histoire du début de la conférence.)
Notre commentaire : Malgré le sérieux du sujet, Daniel Sibony a réussi à faire rire le public tout au long de son exposé, par ailleurs très éclairant sur les délires actuels d'un certain Islam et sur l'antiféminisme musulman.
Mais cette problématique essentialiste a tendance à figer les antagonismes : n'y a-t-il pas dans la société musulmane des courants plus ouverts et même laïques ?
La modernité politique refuse de considérer les Juifs, depuis leur émancipation, comme un peuple, mais les opprime en tant que peuple : en faisant l'apologie de la condition victimaire, elle occulte la figure du Juif politiquement libre, en introduisant et retournant l'argumentation humanitaire (d'abord pour les Juifs victimes après la Shoah, ensuite contre eux à propos du conflit avec les Palestiniens).
Les émancipateurs, (Abbé Grégoire), ont voulu libérer les Juifs du judaïsme et en faire des individus abstraits : " Les Juifs sont des hommes comme nous, ils le sont avant d'être juifs .
On retrouverait cette même idée chez Sartre ; le Juif est juif par le regard de l'autre. Telle est la défaillance de l'idéal démocratique à l'épreuve de la réalité de l'existence juive comme nation.
Au 19ème siècle, la construction des nations semble être le produit paradoxal de l'émancipation des individus ; ce qui arrive aux Juifs arrive à tous les Européens : le 18ème siècle individualise les hommes ; le 19ème siècle les re-nationalise.
S'ajoute " l'auto-émancipation " nationale (Pinsker) qui va ébranler l'émancipation de l'individu (Haskala, Mendelssohn) ; en se constituant, le sionisme calque l'existence des Juifs sur le modèle de l'Etat-Nation.
La modernité porte ainsi ses propres contradictions. La Shoah révèle cette défaillance de la modernité dont l'antisémitisme n'est pas un accident mais un produit.
Nouvelle complexité : aujourd'hui, l'identification de la communauté juive au sionisme c'est la charte de la réintégration des Juifs dans la démocratie, Israël étant un Etat comme les autres ! Quant aux gauchistes ex-ennemis de la démocratie reconvertis en démocrates vertueux c'est au nom du " droit de l'hommisme " qu'ils dénoncent l'immoralité israélienne.
Depuis dix ans, les Todorov, Chaumont, Courtois, Broszat, récusent l'unicité de la Shoah en comparant le nazisme au stalinisme et annoncent l'antisionisme actuel. Le plus stupéfiant c'est que cette idéologie anime aussi les Nouveaux Historiens israéliens : faisant preuve de naïveté politique, appelant Israël à être l'Etat post moderne de tous ses citoyens, ils retournent sur les Juifs les conséquences de la Shoah. Or Israël passerait ainsi très vite sous la loi de la Charia, pour avoir été tenté par la post modernité.
Tel est le tourbillon idéologique qui une fois de plus, fait d'Israël la victime sacrificielle et éternelle, l'obstacle au nouvel ordre international, lorsque la démocratie cherche son salut en s'aveuglant sur ses propres impasses, après s'être substituée au communisme défunt.
Notre commentaire : Exposé montrant les contradictions internes de la modernité que les Juifs intègrent tout en en étant les victimes.
Sartre à notre sens a été simplifié : c'est bien lui qui, au centre de ses Réflexions sur la Question Juive, critique le "démocrate", nouveau négateur d'une existence juive autonome.
Quant aux Nouveaux Historiens israéliens, sont-ils comptables de l'exploitation qui est faite de leurs " révélations " ? Ilan Greilsammer écrit, dans " La nouvelle histoire d'Israël, essai sur une identité nationale " (Gallimard, 1998) : L'Etat d'Israël va avoir cinquante ans ; c'est l'âge mûr. Un âge où on peut raisonnablement se poser des questions profondes et douloureuses sans pour cela remettre en cause sa propre existence ni faire preuve de manque de patriotisme.
Gérard Rabinovitch fait référence à l'ouvrage de Sigmund Freud écrit en 1929 Malaise dans la civilisation lequel montre l'aveuglement de la démocratie devant l'agressivité native de l'humain : le progrès a conclu un pacte avec la barbarie. Freud publie cet ouvrage au moment où, à Munich, Chamberlain dira : " tout se serait si bien passé si Hitler ne nous avait pas menti " !
C'est cette complaisance aveugle qui est ici dénoncée comme immoralité essentielle ; tandis que le sionisme est au contraire un mouvement qui s'inscrit dans la moralité, marqué par la permanente retenue vis à vis de la violence (Havlaga en hébreu). S'interroger sur les enjeux moraux du sionisme, ce n'est pas faire un inventaire à la Prévert sur ses bienfaits, c'est plutôt s'apercevoir que ce qui est vraiment inexplicable, ce n'est pas le Mal, c'est le Bien, qui continue à être recherché dans cette aventure tragique.
La banalité, au contraire, c'est le Mal, même si la pensée a des difficultés à l'identifier. S'énonce ensuite la litanie des malheurs, de Luther à Mahomet, de Proudhon aux Protocoles... L'antisionisme actuel n'est qu'un avatar de l'antisémitisme dans cette nouvelle version : depuis la Shoah, les Juifs sont coupables de ce qu'on ne peut plus les haïr ; les Israéliens doivent donc prendre le relai !
La seule morale aujourd'hui possible ne se situe pas dans l'idéal d'un Bien absolu, mais dans une éthique de la désillusion pragmatique où le Bien consiste surtout à n'être que le moindre Mal. Un nouvel internationalisme antisémite à fondement religieux relaie l'internationalisme antisémite et nazi ! deux constellations centrées sur le fantasme de la toute puissance.
Notre commentaire : Un exposé dense, dont nous faisons un résumé probablement réducteur, qui rappelle les théories d'André Glucksmann dans Le 11ème commandement , mais aussi les théories kantiennes.
Alain Finkielkraut déplore qu'on ne fasse pas la distinction entre la critique du gouvernement israélien et la mise en cause de la légitimité d'Israël et dénonce un antisionisme qui se considère comme antifasciste et anticolonialiste.
Le XXème siècle est marqué par un regain de la radicalité politique laquelle, selon Hannah Arendt, oppose simplement deux forces : le " Bien " et le " Mal ". Ainsi la haine actuelle d'Israël est " inculpabilisable " puisque les Juifs ont trahi leur message : du camp du Bien (victimes) ils sont passés dans le camp du Mal (bourreaux) ; du même coup réapparaissent les vieux schémas antisémites (les Juifs veulent toujours être à part) même si en apparence les antisémites ne font que "reprocher aux Juifs de ne plus être Juifs".
Alain Finkielkraut évoque la journaliste italienne B. Spinelli qui affirme que seuls les Israéliens n'ont pas fait repentance, contrairement aux Occidentaux, mais elle oublie de dire que le devoir de mémoire exigé des Juifs est plus radical puisqu'il ne s'agirait pas de renier des actions passées (comme dans le cas de l'Eglise), mais présentes, et en temps réel. La religion de l'humanité consiste à se donner bonne conscience, à se croire autorisé à dire où est le Bien et où est le Mal, sans s'interroger sur ses propres failles.
Les slogans pleuvent ; par exemple Télérama : " Israël et l'Amérique se sont alliés pour écraser l'humanité " Face à cette haine qui nous accable, que faire ?
Notre commentaire : Que faire d'autre, effectivement ? L'attentisme ou l'accablement n'offrent aucune perspective.
Un discours de gauche, même si d'aucuns refusent à Alain Finkielkraut cette épithète. Au Cercle Bernard Lazare, nous n'avons pas de complexe à affirmer que les antisionistes ne représentent pas du tout la gauche lorsqu'ils tombent dans la "religion de l'humanité" dont l'antisémitisme est une des composantes.
Certains membres du CBL-Paris ont critiqué l'absence de détracteurs auxquels les interventions répondaient
Les organisateurs (Shmuel Trigano) précisent : "ils auraient pu venir assister au colloque qui étaient ouvert à tous. Mais les Juifs et leurs amis ont besoin de réfléchir aussi entre eux pour comprendre ce qui leur arrive de nouveau aujourd'hui. Ils ne doivent pas reproduire à leur insu le " jeu de miroirs " et la fuite en avant où se complaisent leurs détracteurs. De la même manière que les Palestiniens ont du mal à penser leur histoire autrement qu'en termes copiés sur le malheur juif, de la même manière les Juifs ne doivent pas non plus se contenter d'être " pensés par les autres " et d'intérioriser les jugements destructeurs qui sont portés sur eux."
Notre commentaire
Un débat clair autour d'un colloque très utile pour lire les événements contemporains mais aussi bien anciens.
J. Wasserman disait déjà, dénonçant ce besoin de haïr : Quoi que le Juif fasse, c'est toujours ce qu'il ne faut pas faire. !
Précisons que nos résumés sont nécessairement des interprétations même si nous avons fait l'effort de rester aux plus près des paroles prononcées lors de cette journée dont les actes devraient être publiés intégralement d'ici un an.
Retenons de toutes ces interventions qui se rejoignent plus qu'elles ne divergent, un programme quasi kantien :
Brèves
Il y a longtemps, dans une synagogue d'Odessa avait lieu un service religieux.
La moitié des présents s'est mise debout, et l'autre moitié est restée assise.
Les assis ont commencé à réclamer que les autres se rassoient,
et ceux qui étaient debout ont réclamé que les autres suivent leur exemple...
Le rabbin, qui ne savait pas quoi faire, décida de s'adresser au fondateur
de la synagogue, le vieux Moïché.
Il invita un représentant de chaque fraction, et ils allèrent tous chez Moïché
pour lui demander conseil.
Le représentant des "debout" demanda :
- Être debout pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le représentant des "assis", tout content, demanda :
- Alors, se tenir assis pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le rabbin, perplexe, dit :
- Mais... pendant le service, une moitié se met debout et l'autre reste assise,
et les querelles s'ensuivent...
- Voilà! - dit le vieux Moïché. - Ça, c'est notre tradition !