Extraits de la lettre ouverte de Nabil Amar, ministre démissionnaire de l'Autorité Palestinienne

Le texte de cette lettre est paru dans le journal de l'Autorité palestinienne, Al Hiyat al Djedida
De longs extraits ont été publiés par le quotidien israélien Ha'aretz le 9 septembre 2002.
Traduction : Chmouel Engelmayer
Reproduit avec l'aimable permission des CAHIERS BERNARD LAZARE, n° 228 / octobre 2002

N'avons-nous pas dansé à la nouvelle de l'échec des pourparlers de Camp David ? N'avons-nous pas détruit les photos du Président Clinton qui a eu le courage de mettre sur la table une proposition pour un Etat palestinien avec des rectifications mineures de frontières ?

Nous ne sommes pas honnêtes, parce qu'aujourd'hui, après deux années de sang versé, nous réclamons exactement ce que nous avons repoussé alors - seulement maintenant nous pouvons être certains qu'il est impossible de l'obtenir.

Combien de fois avons-nous accepté, puis repoussé, puis accepté à nouveau des propositions de compromis ? Et jamais nous n'avons tiré les leçons de ces acceptations et de ces refus. Combien de fois nous a-t-il été demandé de faire quelque chose qui était en notre pouvoir, et nous n'avons rien fait ? Et ensuite, quand la solution est devenue inaccessible, nous avons sillonné le monde entier dans l'espoir de recevoir à nouveau ce qui nous avait été proposé - avec pour seul résultat de nous apercevoir qu'entre notre refus et notre acceptation, le monde avait changé et nous posait désormais des conditions que nous avions cru impensables.

Nos institutions traversent les jours les plus sombres de notre histoire. Tous les organismes de l'Autorité palestinienne, de l'OLP et du Fatah se sont vidés de leur contenu et ont dégénéré. Nous avons échoué dans la gestion du processus historique qui se présentait à nous. Nous avons échoué dans la mise en place d'un régime où l'on respecte la loi et où les relations entre le pouvoir et le peuple soient convenablement régulées. Certains ministres se conduisent comme si le ministère leur appartenait personnellement. Le combat palestinien est un juste combat, mais cela ne justifie pas l'anarchie, l'amateurisme et le bas niveau de moralité qui sévissent dans tous les recoins de la maison palestinienne. Yasser Arafat, tu as été l'un des premiers à dénoncer cette anarchie mais tu lui sers de soutien, donc tu es coupable toi aussi.

A l'heure où les tanks israéliens contrôlent la Rive Occidentale et encerclent la Bande de Gaza, à l'heure où chaque milice palestinienne agit dans la rue sans commandement unifié, sans contrôle, et définit ses objectifs comme il lui plait, il est temps de s'unir et de réformer le pouvoir. Le courageux public palestinien a droit à une période de calme, à une pause pour déterminer la voie à prendre. Même si Sharon nous provoque, n'avons-nous pas tout à gagner à le mettre au pied du mur en nous tenant tranquilles ?

Trad. Chmouel Enge1mayer.

* Nabil Amar, Ministre démissionnaire de l'Autorité palestinienne, conseiller très proche d'Arafat, a fait paraître cette lettre dans le journal attitré de l'Autorité palestinienne, Al Hiyat al Djedida, dont il a été le rédacteur en chef. Des extraits de ce long réquisitoire sont paru dans le quotidien Ha'aretz du 9 septembre 2002.

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Brèves

Notre tradition

Il y a longtemps, dans une synagogue d'Odessa avait lieu un service religieux.
La moitié des présents s'est mise debout, et l'autre moitié est restée assise.
Les assis ont commencé à réclamer que les autres se rassoient, et ceux qui étaient debout ont réclamé que les autres suivent leur exemple...
Le rabbin, qui ne savait pas quoi faire, décida de s'adresser au fondateur de la synagogue, le vieux Moïché. Il invita un représentant de chaque fraction, et ils allèrent tous chez Moïché pour lui demander conseil.
Le représentant des "debout" demanda :
- Être debout pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le représentant des "assis", tout content, demanda :
- Alors, se tenir assis pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le rabbin, perplexe, dit :
- Mais... pendant le service, une moitié se met debout et l'autre reste assise, et les querelles s'ensuivent...
- Voilà! - dit le vieux Moïché. - Ça, c'est notre tradition !