Israël-Palestine : Le combat pour la paix est aussi le nôtre


Réunion-Débat

Jeudi 29 janvier 2004 à 20h00
à l'Auditorium du Musée, 5 place Lavalette, Grenoble, (tram Notre Dame-Musée)
Participation aux frais libre




A l'appel de

  • Association France Palestine Solidarité - Grenoble
  • Cercle Bernard Lazare - Grenoble (*)   (*) Membre fondateur du collectif «Deux peuples deux états»

Ouverture de la réunion par Michel Destot, Maire de Grenoble

Avec la participation de

  • Samman Khoury ancien Directeur général du Ministère de l'Information, ancien Directeur du Centre de presse palestinien, actuellement coordinateur de la coalition des peuples pour la paix, il est une des figures clés des "Accords de Genève".
  • Menahem Klein Professeur de Sciences Politiques à l'Université Bar Ilan, membre de "l'équipe de Geneve". Spécialiste de la question de Jérusalem, il a dirigé les discussions sur Jérusalem
  • Daoud Barakat cadre de l'OLP, ancien Ambassadeur à Genève, Vienne et Moscou, ancien sous-directeur du département des réfugiés, et actuellement Commissaire adjoint pour Jérusalem.
  • Mossi Raz Ancien député du Meretz à la Knesset, ancien Secrétaire général de Shalom Arshav (La paix maintenant), actuellement coordinateur de la coalition israélienne pour la paix et directeur de l'Institut de Guivat Haviva.

Le pacte de Genève ou initiative de Genève est un projet d'accord fondé sur le principe « Deux peuples, deux Etats »

Ce projet d'accord a pour caractéristique principale d'aborder toutes les questions de front, avec précision et dans le détail, et c'est la nouveauté.

Le cadre de cet accord est celui du processus entamé à Madrid en 1991, concrétisé par la déclaration des principes d'Oslo, les accords de Wye River, Charm el Cheikh et poursuivi lors des négociations de Camp David et Taba.
Un groupe d'application et de contrôle est prévu, comprenant les Etats-Unis, l'Union Européenne, la Russie, les Nations Unies, auxquels pourraient se joindre d'autres parties, régionales et internationales, agréées par les signataires. Ce projet aborde les questions liées aux territoires et frontières, aux colonies, au statut de l'Etat de Palestine, au retrait d'Israël des territoires palestiniens. Ce projet fait également des propositions concernant Jérusalem, la vieille ville de Jérusalem, le devenir des réfugiés.

L'Association France Palestine Solidarité (AFPS) est le résultat de la fusion en 2001 de « France Palestine » et de « l'association médicale franco-palestinienne ». Elle regroupe à Grenoble et dans l'Isère des personnes attachées au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. L'association apporte au peuple palestinien un soutien politique pour une paix réelle et durable fondée sur l'application du droit international, en lien avec le peuple palestinien et ses représentants légitimes. L'AFPS est aussi une association humanitaire de solidarité morale et matérielle.

Le Cercle Bernard Lazare (CBL) est une association juive laïque de gauche, militant depuis plus de 20 ans pour le dialogue israélo-palestinien. Elle est indéfectiblement attachée à l'existence de l'Etat d'Israël en tant qu'Etat du peuple juif, recours et référence de ce peuple pour la perennité de son identité. Elle pense que la sécurité d'Israël ne pourra être assurée militairement, mais seulement par une coexistence pacifique avec un Etat de Palestine qu'il faut créer, ce qui implique la recherche active d'un compromis par le dialogue et la négociation.

Nos associations ont en commun le fait de penser qu'il ne leur appartient pas de décider quoi que ce soit à la place des peuples palestinien et israélien. Mais, dans le même temps, nous affirmons que le combat pour la paix est aussi le nôtre et c'est le sens de notre intiative commune.
Au-delà de nos différences, sans occulter nos divergences, dans le respect mutuel de nos identités propres, notre appel commun à cette réunion-débat sur l'« initiative de Genève » marque notre accord fondamental sur le fait que
le pacte de Genève apporte aujourd'hui l'espoir qu'une porte puisse s'ouvrir vers la paix dans le dialogue entre Israéliens et Palestiniens. Le pacte de Genève peut contribuer de manière décisive à tracer le chemin qui conduira à la coexistence de deux Etats indépendants, libres et démocratiques.
Ses promoteurs le présentent seulement comme un modèle, et demandent à l'opinion internationale de le diffuser et de le soutenir comme tel.


L'appel à la réunion-débat du 29 janvier à Grenoble
est soutenu par les associations et mouvements suivants :

  • Collectif Deux peuples deux Etats
  • Association culturelle franco-maghrébine AMAL
  • Association pour un Judaïsme Pluraliste,
  • Caritas France - Secours Catholique,
  • Chrétiens et Proche-Orient de Grenoble
  • Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement
  • Coup de Soleil en Rhône-Alpes,
  • Ecole de la Paix,
  • Fédération de l'Isère du Mouvement Républicain et Citoyen
  • Fédération de l'Isère du Parti Communiste
  • Fédération de l'Isère du Parti Socialiste
  • Grenoble Objectif Citoyenneté, mouvement et élus
  • Les Verts - Isère
  • Fédération de l'Isère et section de Grenoble de la Ligue des Droits de l'Homme
  • Mouvement des Jeunes Socialistes de l'Isère
  • Mouvement de la Paix, section de l'Isère
  • SOS Racisme, section de l'Isère
  • Union des Familles Laïques, section de l'Isère

Le Collectif «Deux Peuples Deux Etats» a été créé en vue de soutenir les initiatives de paix israélo-palestiniennes sur la base du texte fondateur suivant :

"Un espoir renaît aujourd'hui au Proche-Orient. Du sein des sociétés israélienne et palestinienne, des voix citoyennes viennent de s'élever avec courage et lucidité. Elles proclament que malgré la violence et le fanatisme accumulés depuis près d'un siècle, un accord entre les deux peuples est encore possible.

Portées par des patriotes israéliens et palestiniens, l'Initiative de Genève lancée par Yossi Beilin et Yasser Abbed Rabbo et La Voix des Peuples d'Ami Ayalon et Sari Nusseibeh prennent en compte la dignité, les craintes et les aspirations les plus profondes de chacun des deux peuples. Elles indiquent en préambule le principe fondamental qui les anime : « deux peuples, deux Etats ». L'Etat d'Israël comme Etat du peuple juif, l'Etat de Palestine comme Etat du peuple palestinien, tous deux issus d'un mouvement légitime de libération nationale.

L'une et l'autre prévoient en particulier : un démantèlement de la plus grande partie des implantations juives en Cisjordanie et Gaza, des échanges de territoires acceptés par les deux parties sur la base des frontières de 1967, une résolution digne et réaliste de la question des réfugiés palestiniens conditionnée au respect de la souveraineté israélienne, l'arrêt des violences et un partage de Jérusalem comme capitale des deux Etats.

Ces initiatives procèdent d'une vision, celle qu'Israéliens et Palestiniens puissent un jour vivre en paix, côte à côte, au sein de deux Etats souverains et démocratiques. Cette vision, nous la partageons.

Par la création d'un collectif 2 peuples - 2 états, les associations signataires expriment leur volonté de soutenir toutes les initiatives en vue d'un accord permanent. entre Israéliens et Palestiniens fondées sur ces bases."


Compte-rendu de la réunion-débat
"Le combat pour la paix est aussi le nôtre"

Présentation à Grenoble de « l'Initiative de Genève »
projet et modèle d'accord de paix au Proche-Orient

Jeudi 29 janvier 2004, une délégation de personnalités d'Israël et de la Palestine sont venues à Grenoble expliquer et promouvoir publiquement la proposition commune qu'ils ont élaborée ensemble afin de parvenir à la paix en Israël-Palestine et de garantir le respect des aspirations nationales de leurs peuples. Ils sont tous patriotes, et désirent tous mettre un terme au bain de sang et promouvoir un plan qui de l'avis général sera le type de plan qui de toute façon finira par s'appliquer.

Les personnalités israéliennes et palestiniennes présentes, toutes membres des groupes de travail de l'Initiative de Genève, groupes qui continuèrent, parfois non sans mal, à travailler malgré l'échec des négociations de Taba et le déclenchement de l'Intifada Al-Aksa, étaient :

Saman Khoury, négociateur du projet d'accord, directeur général au ministère palestinien de l'Information et coordinateur de la coalition des peuples pour la paix ;

Menahem Klein, professeur de sciences politiques à l'université Bar-Ilan, négociateur du projet d'accord et spécialiste de la question de Jérusalem et des Lieux Saints ;

Daoud Barakat, cadre de l'Olp, ancien délégué palestinien (« ambassadeur ») à Genève, Vienne et Moscou, ancien sous-directeur du département Réfugiés et commissaire adjoint pour Jérusalem/Al-Quods ;

Mossi Raz, ancien député israélien du Meretz à la Knesset, ancien secrétaire général de Shalom Akhshav - La Paix Maintenant, coordinateur de la coalition israélo-palestinienne pour la paix et directeur adjoint de l'institut de Guivat Haviva.

Fait unique en France, ils ont été conviés à présenter et à expliquer leur travail par deux associations locales : le Cercle Bernard Lazare, Grenoble, association juive, laïque et sioniste de gauche et l'Association France Palestine Solidarité, * Isère, mouvement de soutien au peuple palestinien. Sans occulter leurs divergences et en restant fidèles aux liens qui les unissent à l'une ou l'autre des parties, ces associations ont souhaité non pas s'ingérer d'ici dans les affaires de là-bas mais, malgré parfois une méfiance ou une désapprobation de leur communauté respective, apporter leur soutien aux personnalités qui sur place font le chemin de la résolution du conflit avec patriotisme, pragmatisme et humanité.

Constatant que là-bas, malgré le conflit, la violence et les victimes de tous bords, malgré les craintes, la méfiance et la haine parfois, des Israéliens et des Palestiniens continuent à chercher la voie de la réconciliation, constatant aussi que loin des réactions à chaud et bien que touchés par les actualités tragiques, ils cherchent ensemble « la solution politique qui, sans discrimination, ne menace ni n'humilie personne dans son droit à l'existence », la solution politique qui répondra le mieux aux besoins et aux aspirations de leurs peuples, les deux associations ont souhaité, sans se renier, faire le pas du dialogue et de la coopération. Elles jugent que si eux, là-bas, le peuvent, elles, ici, le doivent.

Comment espérer une résolution du conflit au Proche-Orient si l'on ne parvient pas à avoir le courage et l'humilité de se parler et de s'écouter ici ? Dans le respect mutuel de leurs identités propres, l'appel commun à cette réunion-débat sur l'Initiative de Geneve marque l'accord fondamental sur le fait que le pacte de Geneve apporte aujourd'hui l'espoir qu'une porte puisse s'ouvrir vers la paix dans le dialogue entre Israéliens et Palestiniens. Le pacte de Geneve peut contribuer d'une manière essentielle à tracer le chemin qui conduira à la coexistence de deux Etats indépendants libres et démocratiques. Les deux associations s'accordent sur le fait qu'il ne leur appartient pas de décider quoi que ce soit à la place des peuples palestinien et israélien. Mais dans le même temps elles affirment que le combat pour la paix est aussi le leur et c'est le sens de leur initiative commune.

Soutenue par le Conseil Général de l'Isère et la Mairie de Grenoble, la délégation a tout d'abord été accueillie par Michel Destot, maire de Grenoble accompagné des représentants de toutes les formations politiques, majorité et opposition, de la Municipalité. Ce fut l'occasion de saluer et de soutenir le travail accompli et de souligner les perspectives de dialogues intercommunautaires et supracommunautaires que ce travail permettait ici.

Notons tout de suite la promesse donnée par Michel Destot de donner de l'ampleur aux jumelages que le Ville de Grenoble a élaboré avec la Municipalité israélienne de Réhovot et le District palestinien de Bethléem. Appuyé par le Conseil, Michel Destot s'engage mettre en place un projet intelligent de coopération décentralisée tripartite entre ces trois collectivités locales. Affaire à suivre...

A l'issue de la réunion à l'Hôtel de Ville, la délégation s'est rendue à l'auditorium du Musée de Grenoble afin de participer au meeting organisé par l'AFPS-Isère et le CBL-Grenoble et animé par le professeur Gustave Peiser. Ce meeting a reçu le soutien de nombreux mouvements associatifs et politiques (Collectif Deux peuples deux Etats, Association culturelle franco-maghrébine AMAL, Association pour un Judaïsme Pluraliste AJP, Caritas France, Secours Catholique, Chrétiens et Proche-Orient de Grenoble, Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement CCFD, Coup de Soleil en Rhône-Alpes, Ecole de la Paix, Fédération de l'Isère du Mouvement Républicain et Citoyen MRC, Fédération de l'Isère du Parti Communiste PCF, Fédération de l'Isère du Parti Socialiste PS, Grenoble Objectif Citoyenneté GO, Mouvement et élus Les Verts, Isère, Fédération de l'Isère et section Grenoble de la Ligue des Droits de l'Homme LDH, Mouvement des Jeunes Socialistes de l'Isère MJS, Mouvement de la Paix, section de l'Isère, SOS Racisme, section de l'Isère et Union des Familles Laïques, section de l'Isère UFAL). Plus de 300 personnes ont assisté à l'événement et de nombreuses autres n'ont malheureusement pu nous rejoindre, la capacité maximale de la salle ayant été atteinte. Ceci est très frustrant mais également très encourageant pour l'avenir. Grâce à l'intervention de franco-palestiniens et de franco-israéliens de Grenoble, les personnalités ont pu s'exprimer dans leur langue maternelle, l'arabe ou l'hébreu.

Rappelons que le pacte de Geneve ou «Initiative de Geneve» est un projet d'accord fondé sur le principe «deux Peuples, deux Etats». Ce projet d'accord a pour caractéristique principale d'aborder toutes les questions, de front, avec précision et dans le détail, et c'est la nouveauté. Le cadre de cet accord est celui du processus entamé à Madrid en 1991, concrétisé par la déclaration de principes d'Oslo, les accords de Wye River et Charm-el-Cheikh et poursuivi lors des négociations de Camp David et Taba. Un groupe d'application et de contrôle est prévu, comprenant les Etats-Unis, l'Union Européenne, la Russie et les Nations Unies, auxquels pourraient se joindre d'autres parties, régionales et internationales, agréées par les signataires. Ce projet aborde les questions liées aux territoires et frontières, aux colonies, au statut de l'Etat de Palestine, au retrait d'Israël des territoires palestiniens, à la sécurité. Ce projet fait également des propositions concernant Jérusalem, la vieille ville de Jérusalem, le devenir des réfugiés.

A¬ l'heure actuelle, ce pacte est soutenu, timidement, par l'Autorité palestinienne et rejeté, de manière virulente, par le Gouvernement israélien. Les intervenants ont insisté sur l'importance de demander à chaque partie de s'engager à faire ce qu'elles ont accepté de leur plein gré devant la Communauté internationale, à savoir la Feuille de Route. L'Initiative de Geneve est un point de départ pour la réalisation de la troisième phase de ce plan. Tous les protagonistes ont fait remarquer « qu'aucune des parties ne respecte ses engagements dans la Feuille de Route.» Pas plus Israël que l'Autorité palestinienne. Et pas davantage la France, qui, en tant que membre de l'Union européenne, s'était engagée à accompagner les parties et à vérifier l'application du plan. Chaque citoyen français est exhorté à faire pression sur son propre gouvernement pour qu'il respecte ses engagements dans la Feuille de Route et l'aide à la résolution du conflit.

Lors de la conférence, tous les points de l'accord non pas été discutés mais chaque intervenant a pu donner son sentiment et faire part de ses réflexions. Faisant tous le même constat, amer et réaliste, « qu'il ne peut y avoir simultanément la Paix et une Justice totale, une justice parfaite, abstraite », ils s'efforcent de garantir le maximum de droits et d'aspirations compatibles. Ils affirment qu'il existe un compromis destiné à diminuer les souffrances de chaque peuple.

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Daoud Barakat : « Quels qu'en soient les détails, la grande nouveauté avec ce pacte non-officiel, c'est que des personnalités israéliennes et palestiniennes ont une proposition commune. Contrairement aux affirmations « la paix est impossible entre ces deux peuples », c'est une preuve qu'il y a des partenaires et qu'il est possible qu'ils soient d'accord entre eux ».

Loin de dédouaner « l'adversaire » pour ses fautes et ses graves manquements ou de masquer les tragédies qui affectent leur peuple, chacun, citoyen, travaille aussi au sein de sa société. Les ultras de chaque camp (ultra-religieux, ultra-nationalistes) ne parlent qu'en terme de Terre et abordent rarement les problèmes économiques ou la lutte contre la paupérisation (économique, sociale ou parfois morale) et ne proposent généralement aucun projet politique. En Israël, ils considèrent chaque difficulté comme lié au terrorisme et à l'effort de guerre et de protection, jamais aux politiques socio-économiques internes. En Palestine, toute difficulté est expliquée par l'occupation et la répression, jamais au regard de la corruption ou des inégalités au sein de la société.

Dans le cadre d'un engagement proprement moderne et sans nier l'importance à la fois historique, symbolique, culturelle ou sécuritaire du territoire, les protagonistes de l'accord ne portent pas un oeil critique seulement à l'égard de l'autre. Chacun dans son camp agit aussi, malgré le terrorisme en Israël ou l'occupation et la répression en Palestine. Bien qu'il soit difficile lorsque son pays est en conflit avec l'extérieur d'agir en interne, sur sa société, ils estiment cela hautement nécessaire. Il en est ainsi par exemple de l'Israélien Mossi Raz qui, en tant que directeur de l'Institut de Guivat Haviva, centre d'éducation, de recherche et de documentation fondé en 1949 par un mouvement kibboutznique dans la vallée du Sharon / région du Triangle, oeuvre à la résolution de problèmes complexes israéliens tels que la paix, la démocratie, la coexistence intercommunautaire, la concorde multiculturelle ou la solidarité sociale, et ce au moyen d'initiatives éducatives et académiques ou de travaux communautaires. De même, le Palestinien Saman Khoury milite au sein du parti politique FIDA, l'Union Démocratique Palestinienne, organe issu d'une scission d'avec le FDLP, Front démocratique de libération de la Palestine, représentée à l'OLP et au sein de l'Autorité palestinienne . Ce parti milite dans les Territoires palestiniens pour un développement d'inspiration socialiste. Passant par la fin de l'occupation et ayant pour assises les valeurs démocratiques, progressistes et travaillistes, ce mouvement critique entend défendre le droit des travailleurs, le droit des femmes, l'émergence d'une action syndicale forte pour la protection des travailleurs, un développement social et la construction d'une économie moderne, sociale et solidaire alimentée par une affectation transparente des fonds de solidarité internationale. FIDA réclame ainsi simultanément l'indépendance de la Palestine sur les territoires de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale et, côté politique, une séparation réelle des pouvoirs avec la mise en place d'un régime démocratique parlementaire pluraliste et côté social, l'éducation populaire des travailleurs en vue d'élargir leurs connaissances et leur bagage culturel. En outre, FIDA oeuvre à l'émergence d'un espace public laïc au sein de la société et l'administration palestiniennes.

Ces Israéliens et ces Palestiniens font preuve, au jour le jour d'un sens aigu du devoir et de leurs responsabilités.

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Mossi Raz : « Nous sommes deux peuples. Si chacun ne regarde que ce que l'autre devrait faire, il ne se passera rien. »

Au cours du meeting, déplorant l'échec du processus d'Oslo, l'accent a été mis sur les graves écarts de perception et les distorsions d'appréciation qui font que, grosso modo, pour les Palestiniens tous les Israéliens sont des colons ou des soldats annexionnistes, et que pour les Israéliens tous les Palestiniens sont des terroristes. Du fait de cette crise de confiance grave, les protagonistes insistent pour changer les repères et oser parler. La communication autour du pacte de Geneve a dores et déjà permis, dans chaque camp, d'oser dire des choses qu'il aurait été absolument impossible d'entendre quelques temps auparavant.

Dans le cadre de l'accord et de sa promotion publique, chacun donne une légitimité à l'Autre. Et pour la première fois, un projet d'accord de paix est totalement publié ; il n'y a ni paragraphes cachés, ni clauses secrètes, et chacun peut y accéder, le discuter, voir faire d'autres propositions.

25 personnes de chaque camp ont signé cet initiative, et à l'heure actuelle, les sondages indiquent que près de 40 % des deux populations sont favorables à une résolution du conflit sur cette base, à savoir la pleine reconnaissance de l'Autre et une solution politique prenant pour base la situation de 1967 (notamment, les frontières israélo-arabes de 1949-1967).

Les écarts à cette référence concernent notamment l'annexion par Israël, moyennant un échange 1 : 1 de territoire, de certaines localités israéliennes implantées en Cisjordanie. Le pacte prévoit l'annexion de 2 % du territoire palestinien, ce qui permet à 50 % de « colons » de rester en Israël, et ce sans déplacement de population. De même, par rapport à 1967, la Vielle-Ville est partagée et Israël devient souveraine légalement du quartier juif de la vielle ville. D'après l'accord, en dehors des forces de sécurité conjointes, il n'y aura pas d'armes dans la vielle ville. Il a également été rappelé qu'il n'y aurait pas de « droit au retour » (dans les territoires israéliens) des réfugiés palestiniens au sens du slogan politique collectif.

Pour les extrêmes, les états de référence à partir desquelles se font des « concessions forcément généreuses » sont, de leur avis, le territoire d'Eretz-Israël d'une part côté israélien et le territoire, identique ( !) de la Palestine mandataire d'autre part côté palestinien. Pragmatiques, résolus à rendre la paix possible et sensibles à la pensée de leur temps (considérant, à l'instar d'Elie Barnavi que tant qu'on parlera d'Histoire, on ne fera pas la Paix), les négociateurs prennent comme état de référence, base de l'accord, la situation qui prévalut de 1949 à 1967, l'indépendance palestinienne en plus. Un résident palestinien de Jérusalem-Est annexé fit remarquer qu'il trouvait quant à lui les Palestiniens bien généreux puisque par rapport à la situation d'avant 1967, ils consentent de nombreuses modifications, comme l'annexion par Israël de certaines « colonies », la souveraineté sur le quartier juif de la Vieille Ville de Jérusalem et surtout l'annexion des quartiers juifs de colonisation de Jérusalem-Est, dont l'implantation en banlieue de Maale Adoumin (près de 30000 habitants) qui s'enfonce largement en territoire palestinien. Reconnaissant ce fait, les Israéliens déclarèrent qu'il leur fallait prendre en compte les réalités actuelles et notamment la présence, parfois sur plusieurs générations, de civils qu'il était toujours délicat de déplacer, mais que toute autre proposition, dont d'autres évacuations, étaient de leur avis possibles si les deux gouvernement se mettent d'accord. Dans tous les cas, tout changement par rapport à la situation d'avant 1967 doit être accompagné de manière intransigeante d'un échange 1 : 1 de territoire.

En vue de l'application des résolutions de l'ONU concernant le sujet (sur les réfugiés ET sur la reconnaissance de la souveraineté israélienne), les modalités de choix de résidence permanente pour les réfugiés ont été données. Ils pourront s'établir en Palestine (territoires palestiniens, Cisjordanie/Judée-Samarie & Bande de Gaza, et territoires d'échange cédés par Israël, formant l'Etat de Palestine), ou, dans le respect de la souveraineté de ces pays et à leur discrétion (selon le nombre de réfugiés qu'ils s'engagent à intégrer), ils pourront s'établir dans leur pays d'accueil actuel, choisir l'émigration vers un pays tiers ou demander à s'établir en Israël dans le cadre d'un processus « d'immigration » et non de « retour ». Les négociateurs sont parvenus à décorréler le choix de résidence permanente (lié désormais aux souverainetés reconnues et également aux parcours individuels des réfugiés) des réparations pour le statut de réfugiés. Ainsi, les réfugiés, après vérification, seront indemnisés des éventuelles pertes de propriété et leur condition de réfugiés sera reconnue et compensée également pas une indemnisation conduisant enfin à la disparition du statut de réfugiés et de la précarité de la condition qui en découle. Le fonds international d'indemnisation sera alimenté par plusieurs pays, dont Israël qui pourra retrancher de sa contribution la valeur des infrastructures des colonies évacuées laissées intactes à l'Autorité palestinienne. Suite à l'intervention d'un réfugié palestinien du public résolument opposé à ce type de traitement du problème des réfugiés, il a été répondu côté palestinien, comme suit :

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Saman Khoury : « Nous défendons un accord de paix basé sur une solution à deux Etats pour deux peuples. Dans ces conditions, réclamer un retour collectif des réfugiés palestiniens en Israël, c'est demander d'occuper Israël. Nous nous battons contre une occupation, pas pour en créer une autre. »

On le voit : des deux côtés, chacun à sa manière selon les fondements de son identité et sa vision de l'Histoire, de son histoire, est appelé à un travail pragmatique et douloureux de désenchantement et de fin de certains mythes. Ce processus douloureux pour les individus et les peuples est pourtant aussi un signe d'espoir et une porte ouverte sur la réalisation de deux rêves nationaux dignes et légitimes qui doivent devenir compatibles.

C'est ainsi que contrairement à la situation qui prévaut depuis 1967, la « loi israélienne du retour » qui s'adresse aux Juifs de la Diaspora qui désirent devenir citoyen d'Israël, ne pourra avoir d'effet que sur le territoire légal et moderne de l'Etat d'Israël selon les frontières de 1949-67 légèrement modifiées. De la même façon les Palestiniens, réfugiés ou établis hors de la terre d'Israël-Palestine ne se verront accorder un « droit au retour sans restriction » qu'à l'intérieur de l'Etat moderne de Palestine, à créer. Ceci entérine pour de bon la distinction entre la Terre ancestrale et la Patrie moderne et permet un règlement solde de tout compte, la fin des réclamations et le début d'une ère tournée vers l'avenir, la construction et le progrès.

Conforme à l'esprit qui a guidé la rédaction du pacte, les négociateurs ont donné l'exemple qu'il existe à côté des modes de pensée binaires du type « ou noir, ou blanc », un espace pour une réflexion complexe et plus juste. Ainsi, Daoud Barakat a tenu a rappeler les grandes violations des droits de l'homme et altérations des conditions de vie quotidiennes que le « barrière de sécurité » allait entraîner si elle continuait à être érigée selon le tracé actuellement prévu. De plus, ce tracé hypothèque tout règlement pacifique du conflit dans le sens où il crée de nouveaux faits accomplis et tend certes à assurer la sécurité des civils israéliens mais également à annexer des territoires palestiniens. Plus qu'une « barrière de sécurité », il s'avère être « un mur de l'annexion ». Saman Khoury compléta alors en déclarant « Les Israéliens ont besoin d'un mur de protection. Il faut qu'ils l'érigent sur les frontières légitimes et légales d'Israël, pas en territoire palestinien. »

En réponse à une intervention du public exprimant la possibilité d'une deuxième voie passant par la fin de chaque rêve national et la construction d'une entité politique unique binationale sur toute la terre d'Israël-Palestine, une réponse israélo-palestinienne unanime a été donnée.

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Menachem Klein : « Qu'est-ce que cela veut dire binational ? Je veux une carte d'identité israélienne. Et qu'est-ce que souhaitent les Palestiniens ? Ils souhaitent une carte d'identité palestinienne. Je veux montrer mon passeport pour aller à Ramallah. Un seul Etat pour tout le territoire ? C'est la situation actuelle ! »

Il a par ailleurs été relevé que le texte de l'Initiative de Geneve ne traite pas du problème de l'eau, un sujet sensible et central du conflit israélo-palestinien. Admettant cette lacune et reconnaissant l'importance de ce thème, les négociateurs expliquèrent qu'ils avaient décidé de rendre public le texte du projet d'accord au plus tôt, afin de donner un nouveau souffle au débat qui s'enlisait et des perspectives aux personnes qui n'en voyaient pas ou plus. C'est pourquoi ce problème, comme d'autres, est renvoyé en annexe du pacte et sera traité, c'est-à-dire négocié, ultérieurement. Tout n'est bien sûr pas terminé et ces négociateurs de la paix ont encore beaucoup de travail devant eux. « Le but de l'exercice est uniquement de montrer aux opinions israélienne et palestinienne une fenêtre à travers laquelle ils peuvent voir un autre paysage, plus de voitures piégées, de kamikazes, d'occupation, de répression ni d'expropriations, plus de guerre sans fin ni de haine. A la place, il y a une solution détaillée, prudente, et qui n'évite aucune question de fond. »

En sondant le public, on s'aperçoit que les faits marquants récurrents par rapport aux négociateurs présents au meeting sont l'absence de langue de bois, d'une part, et d'euphorie prétentieuse d'autre part, ainsi que l'extrême cohérence et intercompréhension des négociateurs qui n'hésitent pas à passer la parole à leurs « collègues » pour préciser tel ou tel point. Tous auront noté chez les négociateurs, un patriotisme humaniste, un pragmatisme raisonné et une rare dignité : s'adressant constamment davantage à l'intelligence et la raison qu'à l'émotion, ils ne firent singulièrement jamais référence à leurs souffrances ou difficultés personnelles, de réfugiés notamment. Ils donnent l'espoir qu'Israël et la Palestine pourrait être un couple de pays extraordinaire.

Chacun d'entre eux a remercié chaleureusement les associations pour leur accueil et leur soutien. Daoud Barakat souligna combien la direction de l'AFPS-Isère l'avait soutenu et suivi depuis des décennies et combien il fut heureux aussi de rencontrer la direction sioniste du CBL-Grenoble à Jérusalem.

Amos Oz écrivait « Eux et nous pouvons plaisanter ensemble, crier, nous moquer l'un de l'autre, nous accuser, nous interrompre, nous mettre la main sur l'épaule ou la taille, nous invectiver, et même, à l'occasion, essuyer une larme. Parce qu'eux comme nous avons vécu 36 ans d'intimité. Une intimité violente, cruelle, perverse, mais une intimité. Seuls eux et nous, et pas les Jordaniens, ni les Egyptiens, et encore moins les Suisses, savons exactement à quoi ressemble un barrage routier, le bruit que fait une voiture piégée, et ce que les extrémistes des deux côtés disent de nous .»

Souvent gais et chaleureux, toujours respectueux l'un de l'autre, sans se mettre au dessus ou en dehors de leur camp, ces Israéliens et ces Palestiniens font le pari qu'il est aussi possible de choisir un camp commun partagé, celui où s'élaborent les propositions communes de reconnaissance et de coexistence. Tous patriotes, ils sont pourtant parfois accusés d'être des traîtres. Bien qu' «ennemis» dans le cadre du conflit, ils ont tous à faire face aux extrêmes de leur propre camp, qui soit ne les approuvent pas, ce qui est inévitable, soit ne les comprennent pas, ce qui est plus inquiétant.

Sans doute une bonne raison pour continuer ici le rapprochement «inter-communautaire» et la diffusion et l'explication de «l'Initiative de Genève» comme les négociateurs en expriment le souhait de là-bas.

Note : Avant leur étape à Grenoble, les négociateurs se trouvaient au Conseil de l'Europe à Strasbourg. Ils continuèrent ensuite leur parcours vers Paris où ils animèrent une réunion dans un lycée de la Seine-Saint-Denis. Un reportage réalisé par France 2 a été diffusé à la télévision.

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Brèves

Notre tradition

Il y a longtemps, dans une synagogue d'Odessa avait lieu un service religieux.
La moitié des présents s'est mise debout, et l'autre moitié est restée assise.
Les assis ont commencé à réclamer que les autres se rassoient, et ceux qui étaient debout ont réclamé que les autres suivent leur exemple...
Le rabbin, qui ne savait pas quoi faire, décida de s'adresser au fondateur de la synagogue, le vieux Moïché. Il invita un représentant de chaque fraction, et ils allèrent tous chez Moïché pour lui demander conseil.
Le représentant des "debout" demanda :
- Être debout pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le représentant des "assis", tout content, demanda :
- Alors, se tenir assis pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le rabbin, perplexe, dit :
- Mais... pendant le service, une moitié se met debout et l'autre reste assise, et les querelles s'ensuivent...
- Voilà! - dit le vieux Moïché. - Ça, c'est notre tradition !