Cercle Bernard Lazare - Grenoble : Ne jetons pas aux orties l'espoir de paix

Grenoble, le 12 avril 2004

Le Cercle Bernard Lazare - Grenoble s'est fortement impliqué, en janvier dernier, au côté de Shalom Ah'shav, dans la défense et la popularisation de l'Initiative de Genève de Yossi Beilin et Yasser Abed Rabbo. Il l'a fait en partenariat avec l'Association France-Palestine-Solidarité. Cela fut un succès.

A ce jour, 7 avril 2004, l'appel dit " Deux peuples - deux Etats " a recueilli, en France, 4200 signatures, dont de très nombreux patronymes juifs et arabes.
Rappelons que, au début de cette année, l'Initiative de Genève recueillait le soutien de 35 pour 100 des Israéliens et parmi eux de quatre anciens directeurs du Shin Beth (aujourd'hui Shabak).

Nul ne s'attendait - est-il besoin de le souligner - à ce que ce genre d'actions de bonne volonté fasse cesser, sur le terrain, les attentats-suicides. Ni à ce qu'Arafat prenne enfin ses responsabilités, en actes ou en paroles. Ni à ce que Sharon adopte enfin une vision politique qui ne conduise pas à l'impasse ni ne réduise les espoirs de médiation comme peau de chagrin.

Pour autant, ne restons pas passifs, les yeux " grands fermés ". Continuons à travailler à la diffusion des idées contenues dans l'initiative de paix de Geneve, afin que puissent enfin agir politiquement ceux qui s'engagent clairement sur le chemin de la paix.

Nous manifestons la même horreur pour les terroristes islamistes fondamentalistes qui envoient maintenant femmes et enfants, préadolescents, se faire exploser en Israël et pour ceux - les mêmes, islamistes fondamentalistes également - qui planifient le massacre de 200 travailleurs espagnols, à 7h30 du matin, dans une gare de Madrid.
Nous devons nous inquiéter de ce que la représentation officielle des citoyens français appartenant à la communauté musulmane ne trouve pas le courage de condamner publiquement l'attentat de Madrid, alors que la communauté maghrébine d'Espagne, elle, s'est exprimée clairement dès la première heure.
Certains semblent penser que le terrorisme palestinien est légitime, une propagande le décrivant comme un héroïque combat libératoire. Il n'en est rien : dans tous les cas, en Israël comme à Madrid et ailleurs, le terrorisme est aveugle, ne vise qu'à la mort, sans volonté d'ouverture vers un quelconque projet de paix. Ses arguments sont simplistes : ils diabolisent " l'adversaire. "

Dans le même temps, soyons attentifs aux voix palestiniennes qui se lèvent en ce moment même pour dire que cela ne peut pas continuer ainsi :

  • 60 personnalités palestiniennes de premier plan (Hannan Ashraoui, Y. Abed Rabbo, Sari Nusseibeh,...) déjà bien connues pour leur droiture et leur indépendance, viennent de publier (fin mars) un communiqué - au lendemain de la mort de Yassine - pour souligner que la Palestine ce n'est pas le Hamas, que la Palestine ne doit pas devenir le Hamas, et que pour cela il est urgent de démilitariser l'intifada et de reprendre les pourparlers.

  • Il y a peu de temps, le Directeur de l'Observatoire palestinien des droits de l'homme, publiait dans Haaretz un article intitulé " Le règne des voyous ", où il reproche à Arafat et ses ministres d'avoir totalement laissé tomber la question de la sécurité dans les territoires qu'ils sont censés contrôler. A Tulkarem, à Naplouse, à Gaza, les séides des Brigades d'Al Aksa ou du Hamas sont ceux qui, non seulement recrutent les kamikazes, mais ceux aussi qui rackettent et tuent quotidiennement d'autres palestiniens.

  • Dans Haaretz du 3 avril, Mohammed Dahlan - ancien chef de la Sécurité de l'Autorité Palestinienne, limogé en 2002 - déclare : " Le peuple palestinien cherche d'autres dirigeants qui lui permettraient de sortir de cette impasse. Nous devons changer notre manière de penser et de travailler... Et les Israéliens devraient faire de même... Quinze ans après, il est temps d'avoir de nouvelles élections : l'Autorité et le Fatah lui-même doivent être réformés en profondeur " .

Se figure-t-on que de telles prises de position (et en un tel moment) puissent ne pas refléter un ras-le-bol véritable dans la population palestinienne ?

Et pourra-t-on alors continuer à dire qu'il n'y a personne à qui parler de l'autre côté ?

Continuera-t-on, ici, à penser que Netanyahou et Sharon sont, certes, un peu corrompus eux aussi, mais qu'après tout ce sont les Churchill d'Israël ? Où donc ce gouvernement, qui parle de chaque Palestinien comme s'il s'agissait du clone d'Arafat, conduit-il le peuple d'Israël - et aussi les communautés juives dans le monde ?
Notre insécurité et notre inquiétude n'ont rien à voir avec celles qu'endurent ceux qui vivent là-bas. Essayons alors de les soutenir dans leurs efforts pour se dégager de l'arbre afin de mieux voir la forêt.

Une barrière de sécurité est sans doute nécessaire, au moins pour un temps, à cause des attentats-suicide. Mais ayons le courage - de notre côté - de reconnaître publiquement, et de dire aux israéliens que son tracé, loin de la ligne verte, est un danger mortel. Pour les Palestiniens. Et pour les Israéliens. Car l'enfermement des premiers est une épée de Damoclès suspendue sur les seconds. Quand bien même la barrière mettrait fin aux attentats-suicide, elle pérennise unilatéralement les implantations, et la revendication sur la terre prendra le relais de la violence islamiste. Ce n'est pas le terroriste fondamentaliste du Hamas qui est victime de la barrière : c'est le paysan pauvre dont on défonce le champ et arrache les oliviers, et dont la femme enceinte meurt sur le chemin de l'hôpital car l'accès en est trop difficile. C'est le miséreux - ils sont des centaines de milliers en Palestine - à qui ne parviennent plus - faute de couloirs d'accès et d'organisation - les secours alimentaires de l'ONU.

Soyons attentifs au facteur temps : les enkystements politiques sans issue deviennent généralement incontrôlables. Les frustrations, l'insécurité physique et matérielle, doublée de l'insécurité économique et sociale - qui touche Israël aussi depuis plusieurs années - sont des facteurs dangereux de dérapage dans la région.

Allons-nous laisser s'abîmer dans l'ornière proche-orientale l'utopie humaniste et universaliste du judaïsme ?

Cercle Bernard Lazare - Grenoble

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Brèves

Notre tradition

Il y a longtemps, dans une synagogue d'Odessa avait lieu un service religieux.
La moitié des présents s'est mise debout, et l'autre moitié est restée assise.
Les assis ont commencé à réclamer que les autres se rassoient, et ceux qui étaient debout ont réclamé que les autres suivent leur exemple...
Le rabbin, qui ne savait pas quoi faire, décida de s'adresser au fondateur de la synagogue, le vieux Moïché. Il invita un représentant de chaque fraction, et ils allèrent tous chez Moïché pour lui demander conseil.
Le représentant des "debout" demanda :
- Être debout pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le représentant des "assis", tout content, demanda :
- Alors, se tenir assis pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le rabbin, perplexe, dit :
- Mais... pendant le service, une moitié se met debout et l'autre reste assise, et les querelles s'ensuivent...
- Voilà! - dit le vieux Moïché. - Ça, c'est notre tradition !