Rencontre avec
Adolfo Kaminsky et Anna-Marie Mingat

Jeudi 28 septembre 2006 à 18h30
Salle des Archives, rue Auguste Prudhomme, Grenoble

en partenariat avec le Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère, Maison des Droits de l'Homme

Adolfo Kaminsky

Adolfo

La vie d'Adolfo Kaminsky est de celles que l'on lit habituellement dans les romans. Né en 1925 dans une famille juive émigrée en France, laissé orphelin par la guerre, il entre dans la sixième section de l'Upng (l'Union générale des Israélites de France) où il fabrique des faux papiers principalement destiné aux enfants juifs. Son activité de "faussaire" ne cesse pas pour autant avec la fin de la guerre : les quotas imposés par les Britanniques pour les migrants vers la Palestine, la guerre d'Algérie puis les mouvements nationalistes d'Amérique du Sud, ou d'Afrique lui donneront encore l'occasion d'exercer ses talents jusqu'en 1970.

Adolfo Kaminsky, chronologie biographique

1910. Ses parents quittent leur pays d'origine, la Russie, pour fuir les pogromes. Ils décident d'émigrer en France, terre d'asile et de liberté par excellence (!).

1914. La guerre éclate et peu après des révolutions ensanglantent l'URSS, alors alliée de la France contre l'Allemagne.

1917. M. Kaminsky est « considéré » comme un russe rouge ou bolchevik (peut être même judéo-bolchevik) à cause de son engagement marxiste, et il est de nouveau contraint à l'exil. La famille choisit de s'installer à Buenos Aires où ils donnent naissance à deux enfants. L'aîné naît en 1922 et le cadet, Adolfo, naît en 1925.

1932. Les tensions internationales s'étant apaisées, (pas pour longtemps), la famille Kaminsky revient en France et s'établit à Paris. Adolfo reçoit une éducation tout à fait laïque et libérale, et les seuls principes que ses parents lui inculquent sont liberté, égalité, fraternité. M. Kaminsky est tailleur pour hommes. Adolfo l'aide dans l'atelier.

1939. la perspective de la guerre pousse M. Kaminsky à mettre sa famille en sécurité loin de la capitale, en Normandie. Ils s'installent à Vire dans le Calvados où vit son oncle (Léon Kinoel). Adolfo a maintenant 14 ans. Il quitte l'école pour travailler dans une teinturerie. Passionné de chimie, il réussit à se faire embaucher dans une laiterie où il assiste une fois par semaine un ingénieur chimiste. Au fond du jardin, Adolfo se constitue peu à peu un vrai petit laboratoire, d'abord avec des ustensiles de cuisine, puis avec de véritables instruments de chimie qu'il acquiert petit à petit.

1940. L'invasion de la France renforce la pénurie et Adolfo met ses talents de chimiste et de bricoleur au profit des habitants de la ville en leurs fabriquant divers objets et produits. Malgré la propagande antisémite, Adolfo trouve une place d'apprenti teinturier. Il se spécialise en produits chimiques de dé/coloration. Plus tard, aucun tampon portant la mention juif ne lui résistera.

1941. Sa mère est assassinée par les nazis.

1943. La famille est arrêté et transférée à Drancy, ou Adolfo rencontre Ernest Appenzeller.

1944. Protégés par leur nationalité argentine (1) , les Kaminsky sortent de Drancy et sont recueillis par l'Upng (2) et installés près de Choisy. Les maisons de l'Upng constituant un abri relatif, Mr.Kaminsky prend contact avec la Résistance, "La Sixième", pour se procurer les faux papiers nécessaires àla vie clandestine. Il envoie Adolfo au rendez-vous, pour porter les faux-papiers à falsifier. Adolfo rencontre Marc Hamon (ingénieur chimiste, du laboratoire de F. Joliot-Curie), qui lui propose le nom de Joseph Keller, et la profession d'étudiant. Adolfo refuse, il lui faut gagner sa vie, et il précise qu'il est teinturier. « Tu sais décolorer les encres ? nous rencontrons un problème pour la décoloration du bleu Watermann » lui demande immédiatement Marc Hamon. Adolfo sait qu'il faut utiliser de l'acide lactique, découverte datant de ses journées à la teinturerie. Adolfo a une bonne écriture, il voulait être peintre et a fait de la calligraphie. Ses compétences intéressent Marc Hamon qui lui propose de travailler avec eux àla « Sixième ». Adolfo découvre la chambre de bonne du 17, rue des Saints Pères, servant de laboratoire, ou l'on falsifie des cartes d'identité et d'alimentation principalement destinées aux enfants juifs, leur sauvetage étant le principal but de l'organisation, avec le M.L.N. (3).

Une étudiante des beaux-arts, Susie, contrefaisait les cartes avec des moyens rudimentaires, comme le coloriage. De nombreuses difficultés étaient rencontrées, comme la décoloration des tampons "JUIF", qui se faisaient à l'eau de Javel bouillante. Cette technique abîmait le papier. Nénuphar, chimiste dans une usine de produits de beauté, expose le problème à Adolfo. Il se procure une caisse d'échantillons de produits chimiques et trouve immédiatement un moyen de surmonter l'obstacle. Impressionnées, les deux jeunes filles lui délèguent alors quelques responsabilités.
Adolfo résout difficulté sur difficulté et chacun vient lui demander conseil. Malgré son très jeune âge, il se voit petit à petit confier la direction technique du laboratoire. Ses connaissances en chimie et son inventivité s'imposent.

Le gouvernement de Vichy et l'occupant allemand, perfectionnant et multipliant sans cesse papiers et tampons, il doit adapter ses techniques, en créer de nouvelles. L'invention du filigrane fut un des multiples défis à surmonter. Adolfo travaille nuit et jour. L'annonce de rafles entraîne des courses contre la montre. Il devient nécessaire de mettre en place une imprimerie, afin de créer de nouveaux papiers. Modifier des documents déjàexistants ne suffit plus pour répondre à la demande. Les cartes disponibles sont rares et souvent abîmées.

D'autres progrès techniques sont réalisés grâce aux idées d'Adolfo. Certains tampons étaient très délicats à falsifier : l'impression, à dessein, n'était pas toujours parfaite sur un original. Ces "erreurs" du tampon n'étaient pas fortuites mais mises en place pour détecter les faux, et l'artisan pouvait commettre une erreur fatale en rectifiant la mauvaise impression. Il devient donc nécessaire de faire la réplique exacte du tampon. Adolfo décide alors d'enrichir son savoir auprès d'un photograveur. Il prétexte une simple curiosité d'amateur et assimile en quelques semaines les grandes lignes du métier.
La mise en place de la photogravure nécessite l'ouverture d'un second laboratoire au 21, rue Jacob. Le premier objectif de l'atelier était de sauver les enfants dont les parents avaient été déportés, de les faire sortir des maisons d'enfants, pour les convoyer ailleurs sous un faux nom.

Adolfo ne parvient pas à chiffrer précisément le nombre d'enfants à qui il a fourni une nouvelle identité. Sans doute avoisine-t-il les 3000. Le laboratoire dut sa survie à son strict cloisonnement. Chaque membre de la Sixième ne connaissait que deux ou trois autres résistants. Bien que celui-ci fut le fournisseur principal du nord de la France et du Benelux, il n'a jamais été détecté par la Gestapo. Même le responsable du réseau ignorait les adresses des laboratoires. Le travail des membres de "La Sixième" a permis de sauver des milliers d'enfants juifs.

Après la libération de Paris, en août 1944, Adolfo Kaminsky reste cloîtré dans le laboratoire de la rue des St Pères. Tout semble en effet terminé pour lui. La pression accumulée durant la guerre tombe soudainement et il ne se sent plus d'aucune utilité. Contrairement à d'autres résistants, il n'a pas d'études à poursuivre et ne possède pas de métier ou de foyer à regagner. Le laboratoire et les faux papiers représentaient toute sa vie. Le travail du "faussaire", terme à connotation illégale, a très peu été reconnu, contrairement à la résistance armée (4).

Adolfo Kaminsky s'engage dans les FFL, avec la volonté de combattre « comme les autres ». Mais l'armée, informée de ses talents, le remet vite dans le « mauvais chemin », en lui demandant de reprendre sa "coupable" activité au profit du MNPGD. Au siége du ministère, rue de Lille, il re-fabrique des faux papiers, notamment des livrets militaires allemands destinés aux hommes parachutés derrière les lignes ennemies (5). Ce travail ne dure qu'un temps ; la capitulation allemande le laisse au chômage technique.

Adolfo passe au Lutétia, où son mouvement de la "Sixième" s'est transformé en service social accueillant les survivants de retour. Adolfo connaît alors la période la plus sombre de sa vie, dans les salons de l'hôtel ou il découvre toute la réalité des faits. Il ne retrouve pas ceux qu'il a connus mais voit revenir des juifs qui ne veulent ou ne peuvent pas retourner dans leur pays d'origine, mais voudraient gagner la Palestine ; toutefois les Anglais, qui contrôlaient la région, imposaient des quotas d'immigrations extrêmement faibles. Donc, évidement, Adolfo reprend du service, en créant de faux papiers pour les émigrants.

Il croise Ernest Appenzeller, de la "Sixième" au Lutétia, qui fait partie de l'OJC (6), au sein du MNL et est passé au MJS (7). Ernest Appenzeller lui demande de reprendre ses activités en faveur de l'émigration. Quand la résistance s'organise pour faire partir les Anglais de Palestine, Adolfo rejoint la Haganah (8), puis aide le groupe Stern (9). Entre 1945 et 1948. Adolfo est logé et appointé par la Haganah. Il fait aussi quelques reportages photographiques pour des journaux militants.

Après 1948, date de la création de l'Etat d'Israël, Adolfo coupe tous contacts avec ses activités de fabriquant de faux papiers, car son idéal humaniste ne pouvait concevoir un pays où pouvoir et religion seraient mélangés. Il pratique les métiers de photographe, opérateur cinéma, photograveur, où il vend à son patron un brevet qui lui paie son laboratoire photo. Son existence "résistante" semblait terminée lorsque la guerre d'Algérie éclata.

1954. Guerre d'Algérie. En 1957 Adolfo découvre les assassinats de plusieurs personnalités algériennes par des services spéciaux français, appelés « la Main rouge ». Choqué, il s'engage alors personnellement, plus pour des raisons morales que politiques. Marxisant, il n'appartient à aucun parti. Après l'assassinat d'Ali Boumendjel, Adolfo rencontre Marcelline Loridan (10) qui le fait adhérer au réseau Jeanson. Ses premiers travaux pour le réseau Jeanson consistent à fabriquer des cartes d'identité belges pour passer la frontière. Il n'a plus son matériel et se contente de bricoler. Le travail est plus facile, le savoir faire acquis, et nous ne sommes plus sous l'occupation. Adolfo se procure une vieille presse litho, datant de la commune, et produit cartes d'identités étrangères. Adolfo rencontre F. Jeanson. De Joseph Keller, il devient Joseph Katz (!) .

Pour eux, la décolonisation est acquise, avec plus ou moins de rapidité et dégâts. Cette guerre ne doit pas être l'affaire des seuls algériens, mais de tous militants de la liberté. Au réseau Jeanson, Adolfo souffre de ne pas retrouver la fiabilité connue dans la résistance, trop de passages au laboratoire, trop de militants connaissant son labo. Adolfo exige comme seul contact Michèle Firk, dont la personnalité le rassure. Elle le fait travailler pour le réseau d'Henri Curiel. Adolfo installe son laboratoire rue de la Loi, dans le même local que celui occupé par Trepper pendant la guerre. A la fin de la guerre d'Algérie, en 1962, Adolfo n'abandonnera pas ses travaux de fabriquant de faux papiers. Le réseau Curiel continue son action pour les mouvements nationalistes d'Amérique du Sud, d'Espagne, d'Afrique du Sud, d'Angola, de Guinée-Bissau et de Grèce, qui cherchaient des fabriquants de faux papiers pour les aider à lutter contre leurs dictateurs respectifs. Il leur rend de très grands services, notamment en formant de nombreuses personnes àla falsification des papiers d'identité.

Il arrête toute activité de fabriquant de faux papiers en partant en Algérie fin 1971, où il devait se contenter de prendre des vacances, mais il éprouve un tel soulagement de ne plus avoir faire de faux qu'il y reste dix ans, revenant à Paris en 1981 avec une femme et trois enfants.

(1) L'Argentine a déclaré la guerre à l'Allemagne en mars 1945.
(2) Union générale des Israélites de France, institué auprès du Commissaire général aux Questions Juives. Tous les Juifs sont obligatoirement affiliés à l'Upng. Toutes les autres associations juives existantes sont dissoutes.
(3) Mouvement de Libération Nationale, pour lequel les ordres généraux venaient de Londres.
(4) Une des raisons justifiant son invitation à Grenoble et une reconnaissance par le Musée de la Résistance !
(5) Depuis peu, représenté par Jean-Jacques de Félice, Kaminsky a entamé une procédure contre l'armée, qui refuse de lui verser une pension, (environ 45 euros/mois) sous prétexte qu'il n'était pas français en 1939.
(6) Organisation Juive de Combat
(7) Mouvement de la Jeunesse sioniste
(8) En 1920, après les attaques arabes, les implantations juives de Palestine constituent des groupes d'autodéfense devenant la Haganah, qui devient une armée régulière en 1930, collabore avec les Britanniques, (d'où le départ de l'Irgoun en 31.) Après la guerre, la Haganah lutte pour l'indépendance de l'état, et en 1948, devient Tsva Haganah lé Israël, Tsahal.
(9) Scission de l'Irgoun, le Groupe Stern commet des attentats en Palestine, n'accorde aucune trêve aux autorités britanniques. En 1944, il combat de nouveau aux cotés de l'Irgoun, puis se joint à l'armée d'Israël. Dissolution après l'assassinat du représentant de l'ONU
(10) Déportée à 12 ans, Marcelline Loridan a subi des expériences pratiquées par les médecins nazis. Elle a ensuite combattu l'oppression sous toutes ses formes.

Pendant 27 ans, Adolfo a été un « fabriquant de faux papiers » particulièrement productif et inventif.
Il n'a jamais exercé dans un but vénal, il ne fit jamais de faux au bénéfice d'un intérêt particulier.
Son activité n'a servi que des réseaux militants, a permis de sauver plusieurs milliers d'enfants juifs, et de nombreux militants.
Il avait 16 ans lorsque sa mère fut abattue par les nazis, et moins de 18 ans en entrant à Drancy, où il découvre qu'il est juif et le prix à payer parce qu'il l'est.
Quelles que soient les idées qui ont animé Adolfo, pour participer à la lutte de la Haganah, pour rendre service au groupe Stern, pour entrer au réseau Jeanson, pour contribuer à la lutte des pays d'Amérique latine ou d'Afrique, il a toujours vécu dans la résistance, dans l'angoisse et le stress de la responsabilité de mettre la vie des autres en danger.
Le fabriquant de faux papiers étant toujours dans la clandestinité, le terme "faussaire" ayant une connotation péjorative et d'illégalité, le travail d'Adolfo, homme discret et modeste, a été très peu reconnu par la société.

« Kaminsky » exprime l'origine juive russe, qui le mènera à Drancy,
« Adolfo » traduit l'autre partie de sa vie, marquée par l'Argentine, nationalité qui le protègera d'une mort certaine. (Raison suffisante mais pas exclusive pour laquelle il tient au "o" d'Adolfo).
Pour lui, l'identité est une protestation d'originalité, elle manifeste son unité profonde sous des dehors changeants.
Les personnalités se constituent et se différencient par une série d'identifications successives, au cours desquelles le sujet assimile les attributs de l'autre, qu'il transforme à son gré, et se transforme lui même ainsi.
L'Etat, au contraire, nivelle le parcours de l'individu, prohibe les changements, bannit l'originalité et n'offre qu'une reconnaissance numérique. Lorsqu'il devient totalitaire, il interdit toute falsification, reflet de notre liberté. Il va jusqu'à tatouer un numéro sur le corps, supprime le sujet et conduit l'individu au bord de l'abîme. « Mon nom est 174517 ; nous avons été baptisés et aussi longtemps que nous vivrons, nous porterons cette marque sur le bras gauche... Ce n'est qu'en montrant le numéro qu'on a droit au pain et à la soupe. »
Adolfo, peintre, photographe, frondeur, n'eut de cesse qu'il n'ait prouvé qu'aucun document ne pouvait résister à son imitation, hormis la peau des hommes.


Anne-Marie Mingat

quant à elle, était secrétaire de Mairie à Domène. Profitant de son statut, elle a falsifié de nombreux documents pour sauver des familles juives. Elle est titulaire de la médaille de Juste pour avoir caché chez elle et sauvé une petite fille juive.

Anne Marie Mingat, parcours

Anne-Marie Lerme Mingat*, dite Mimi est née en 1918 à Domène, à 27 km de Grenoble. Secrétaire de mairie de la commune, elle habite avec son mari et sa mère, Marthe Lerme*.

Le 17 juin 40 où, âgée de 22 ans, elle entend à la radio Pétain capituler et s'engage immédiatement à résister par tous les moyens.

Elle profite de ce poste pour falsifier de nombreux documents et sauver des familles juives, venues de Paris se réfugier dans le Grésivaudan suite à la rafle du Vél d'Hiv. Elle apporte également son aide au réseau clandestin juif de Grenoble.
Chaque mois, pendant plus d'une année, elle procura à ce réseau des centaines de cartes d'identité, extraits d'actes de naissance, cartes d'alimentation, etc. Grâce à elle, des centaines de familles juives, venues de Paris se réfugier dans le Grésivaudan suite à la rafle du Vél d'Hiv ont pu être sauvées. Elle aide également la Résistance et de jeunes réfractaires au STO.

Vers la fin de l'année 1942, Zizla Przedborski vient faire renouveler ses papiers ainsi que ceux de son mari et de leur fille Félicia, 12 ans. La jeune femme lui demande de cacher Félicia. Anne-Marie* accepte, malgré les réticences de son mari et donne à la fillette de faux papiers au nom de "Jeannine", la présente comme une petite cousine réfugiée de Paris et garda l'enfant, avec le soutien de sa mère Marthe Lerme*, jusqu'àla Libération. Elle la considère comme l'enfant de la famille et lui offre un vélo que Félicia n'a pas oublié, tant d'années après.

Elle trouva également un refuge pour les parents de Félicia, une maison abandonnée dont elle avait confié la surveillance aux résistants de la région.

Après la guerre, Anne-Marie* divorcera, se remariera et partira vivre dans une autre ville.

Les Przedborski partis en Israël perdent sa trace et ne connaissent pas son nouveau nom. Ils parvinrent à retrouver sa trace au bout de nombreuses années.

Cette notice est réalisée avec le concours du Comité français pour Yad Vashem

haut de page

Brèves

Notre tradition

Il y a longtemps, dans une synagogue d'Odessa avait lieu un service religieux.
La moitié des présents s'est mise debout, et l'autre moitié est restée assise.
Les assis ont commencé à réclamer que les autres se rassoient, et ceux qui étaient debout ont réclamé que les autres suivent leur exemple...
Le rabbin, qui ne savait pas quoi faire, décida de s'adresser au fondateur de la synagogue, le vieux Moïché. Il invita un représentant de chaque fraction, et ils allèrent tous chez Moïché pour lui demander conseil.
Le représentant des "debout" demanda :
- Être debout pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le représentant des "assis", tout content, demanda :
- Alors, se tenir assis pendant le service – est-ce notre tradition ?
Moïché répondit :
- Non, ce n'est pas notre tradition.
Le rabbin, perplexe, dit :
- Mais... pendant le service, une moitié se met debout et l'autre reste assise, et les querelles s'ensuivent...
- Voilà! - dit le vieux Moïché. - Ça, c'est notre tradition !